Benjamin Roumegoux (Weezevent) : “Showtime Stadium, un média pour partager les bonnes pratiques du sport business américain”

Benjamin Roumegoux Benjamin Roumegoux
Benjamin Roumegoux à Yankee Stadium, NYC - Crédit : Showtime Stadium

Après plusieurs années passées à observer les meilleures pratiques du sport business américain, Benjamin Roumegoux, Head of Sport chez Weezevent, a décidé de partager cette culture unique à travers Showtime Stadium, un média qu’il a fondé en octobre 2024.

Passionné par le marketing sportif et la fan expérience, il met en lumière les activations, innovations et idées venues tout droit des États-Unis, avec un regard inspirant pour les acteurs du sport français.

Dans cet entretien accordé à Sport Buzz Business, Benjamin Roumegoux revient sur la genèse de son projet, son Stadium Tour de plus de 35 enceintes visitées en trois mois, et décrypte les différences majeures entre les modèles américains et européens. Entre anecdotes, vision business et passion, immersion dans l’univers de Showtime Stadium.

Sport Buzz Business : Pour commencer, pouvez-vous présenter et nous parler de Showtime Stadium en quelques mots?

Benjamin Roumegoux : Showtime Stadium, c’est avant tout un projet passion. L’idée, c’est de partager les bonnes pratiques que j’observe aux États-Unis en matière de fan expérience et de marketing sportif, avec un regard business. C’est un média que j’ai lancé il y a un an, en octobre 2024, pour structurer ce que je faisais déjà de manière désorganisée depuis plusieurs années : partager des idées, des activations, des innovations vues dans les stades et salles américaines.
Je m’adresse à la fois aux professionnels du sport business, aux étudiants et aux passionnés, pour ouvrir les chakras sur d’autres manières de penser le sport et son écosystème.

 

« Tout est plus grand, plus fort, plus spectaculaire… mais derrière cette démesure, il y a une vraie logique : connaître son public et lui offrir un moment inoubliable. »

SBB : D’où vient cette idée de lancer un média autour du sport business américain ?

B. R. : Ce média est né de ma passion pour le sport et les États-Unis. Après un stadium tour de trois mois à travers le pays, j’ai eu la chance de visiter plus de trente stades et salles, tous sports confondus.
Je partageais déjà ces découvertes sur les réseaux, mais sans réelle ligne éditoriale. Je me suis donc dit qu’il fallait structurer tout cela avec un vrai nom et un cadre : Showtime Stadium.
L’idée, c’est d’inspirer, de montrer ce qui se fait ailleurs, et surtout d’apporter un regard business à des pratiques souvent vues uniquement sous l’angle du spectacle. J’intervenais déjà dans des écoles de commerce, donc le projet s’est naturellement prolongé dans cette logique de transmission.

« La différence est abyssale. Le sport fait partie intégrante de la culture américaine : il est partout, dans les pubs, les films, les conversations. »

SBB : Vous évoquez votre Stadium Tour de 2019 : plus de 35 stades en 3 mois. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a le plus marqué durant ce voyage ?

B. R. : J’ai pris plusieurs claques tout au long de mon séjour, mais le souvenir le plus marquant reste la tailgate party des New York Jets. Pour un match à 13h, le parking est plein dès 8h du matin : des milliers de fans installent leurs barbecues, tentes, salons, tables immenses, jeux de beer pong, musique live, cheerleaders, mascottes…
C’est une véritable colonie de vacances avant le match, dans une ambiance ultra bon enfant. On échange, on rit avec les supporters adverses, on m’invite à boire un verre… C’est une vraie célébration du sport, qui commence bien avant le coup d’envoi.
C’est à ce moment-là que j’ai compris que le sport, là-bas, dépasse le simple cadre du match : c’est un moment de vie collectif, ancré dans la culture populaire.

« Ce qui m’a le plus marqué, c’est le rôle central du food & beverage dans la fan expérience. Aux États-Unis, c’est un business dans le business, géré avec une vraie intelligence marketing. »


SBB : Selon vous, qu’est-ce qui différencie le sport business américain du modèle européen ?

B. R. : La différence est abyssale. Le sport fait partie intégrante de la culture américaine : il est présent partout dans les pubs, les films, les séries, les conversations.

Les franchises sont de véritables entreprises, avec une structuration exemplaire. Chaque ligue gère les questions stratégiques, financières et réglementaires de manière centralisée, pour maintenir un équilibre entre les équipes.

Le modèle américain repose sur l’équité, la compétitivité et la stabilité : le partage des revenus, les ligues fermées, la draft… Tout cela permet aux petites franchises de rivaliser avec les plus grandes.

Là-bas, un championnat est géré comme une entreprise. En France, beaucoup de clubs fonctionnent encore comme des associations.

Et puis, quand on regarde les chiffres : les droits TV sont colossaux :
– La NBA a signé son nouveau deal d’un montant de 76 milliards de dollars (débutera en 2025 pour 11 ans avec Disney, NBC et Amazon Prime).

-La NFL quant à elle, validé son contrat pour la durée 2023 / 2033 d’un montant de 125 milliards de dollars (CBS, FOX, NBC, Youtube, Amazon Prime, ESPN).

Sans parler du merchandising, du naming, des partenariats longue durée, qui sont des leviers encore sous-exploités en Europe.

MetLife Stadium, New Jersey  - Crédit : Showtime Stadium
MetLife Stadium, New Jersey – Crédit : Showtime Stadium

SBB : Quelles activations marketing ou expériences fans vous ont le plus impressionné aux États-Unis ?

B. R. : Ce qui m’a le plus marqué, c’est tout ce qui tourne autour du food & beverage, et particulièrement le rôle des alcooliers.

Aux États-Unis, les marques d’alcool sont omniprésentes dans les stades, sur les écrans, dans les fan zones, alors qu’en France, la loi Evin empêche cela. Et pourtant, je n’ai vu aucun débordement, aucune bagarre.

Lors d’un match des Dallas Cowboys, j’ai assisté à une tailgate party Jameson géante : boissons offertes, barbecue, DJ, borne photo, animations à gogo. Quelques mètres plus loin, un stand Jim Beam proposait de goûter des whiskys expérimentaux avec récolte de data via email.

C’est là-bas un pilier de la fan expérience : la convivialité, la découverte, la marque qui fait partie du moment.

Et au-delà de l’alcool, l’offre alimentaire est incroyable : des plats locaux, des sushis, des cocktails, des produits frais, des vins californiens… Rien à voir avec nos hot-dogs ou sandwiches merguez. C’est un business dans le business, géré avec une vraie intelligence marketing.

tailgate Jameson / AT&T Stadium, Dallas
tailgate Jameson / AT&T Stadium, Dallas – Crédit : Showtime Stadium
stand Jim Beam / AT&T Stadium, Dallas
stand Jim Beam / AT&T Stadium, Dallas – Crédit : Showtime Stadium

 

SBB : Y a-t-il une franchise américaine qui incarne, selon vous, le modèle ultime de la fan expérience ?

B. R. : Sans hésitation, les Dallas Cowboys. C’est la franchise la plus chère du monde, valorisée à plus de 10 milliards de dollars. Leur stade, l’AT&T Stadium, c’est une œuvre d’art de 105 000 places, avec des galeries, des restaurants, des espaces événementiels.

C’est la première franchise à avoir ouvert les portes de son siège au public, où on peut parfois croiser des joueurs dans les couloirs… et le stade attire plus de 500 000 visiteurs par an et ça leur rapporte 10 millions de $ par an !

Leur siège, “The Star in Frisco”, est un complexe complet : bureaux, hôtel, centre d’entraînement, centre commercial… une véritable ville dans la ville.
Leur propriétaire, Jerry Jones, est un visionnaire. Il a transformé le club en marque mondiale.
Et puis il y a la dimension culturelle : les cheerleaders des Cowboys, stars à part entière, avec une série TV, des documentaires, des produits dérivés.
C’est un exemple parfait de ce qu’est une franchise américaine : un mix entre sport, business, culture et entertainment.

« Je reçois souvent des messages de pros qui me disent : “On a testé une idée que tu avais partagée.” Et ça, c’est la plus belle récompense. »

SBB : Quelle est la mission de Showtime Stadium ?

B.R. : C’est simple : inspirer.
L’objectif, c’est de partager des idées, des activations et des pratiques qui pourraient être adaptées en France.
Je reçois souvent des messages de professionnels qui me disent : “On a testé une idée que tu avais partagée.” Et ça, c’est la plus belle récompense.
Je ne cherche pas à copier le modèle américain, mais à l’adapter à notre culture. L’idée, c’est de faire bouger les lignes du sport business français en apportant un regard nouveau.

« Je ne suis pas un influenceur ou un youtubeur. Je veux proposer un regard professionnel et inspirant sur la fan expérience. »

 

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SBB : Quelle est la cible principale de Showtime Stadium : les fans de sport, les professionnels du marketing, ou les deux ?

B. R. : Les deux. Sur LinkedIn, je m’adresse aux professionnels du sport, du marketing et de la communication. Je partage des bonnes pratiques, des analyses, des chiffres.
Sur Instagram, le ton est plus visuel et accessible, avec des extraits d’activations ou d’expériences marquantes.
Je ne suis pas un influenceur ou un youtubeur, je ne cherche pas à faire du contenu grand public, mais à proposer un regard professionnel et inspirant sur la fan expérience.

SBB : Avez-vous déjà des projets de collaboration avec des marques ou médias ?

B. R. : J’ai déjà eu la chance de collaborer avec la BPI, la FFF, ou encore des écoles de commerce.
Mais pour l’instant, pas de collaboration commerciale avec des marques? même si c’est une évolution possible, notamment avec la Coupe du Monde 2026 aux États-Unis.
L’idée, à terme, serait de créer des ponts entre les marques françaises et les modèles américains, et pourquoi pas de co-construire des activations inspirées de ce que je partage.

SBB : Si vous pouviez interviewer une seule personnalité du sport business américain, laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?

B. R. : Phil Knight, le fondateur de Nike.
C’est un pionnier du sport business moderne. Son parcours est une leçon d’entrepreneuriat, de persévérance et de vision.
J’ai lu L’Art de la Victoire (son autobiographie) et c’est un livre que je recommande à tout le monde. C’est inspirant du début à la fin.
Nike, c’est la quintessence de la marque qui a su créer une culture mondiale autour du sport.

SBB : Enfin, si vous deviez résumer l’esprit du sport business américain en un mot, lequel choisiriez-vous ?

B.R. : Démesure !
Tout est plus grand, plus fort, plus spectaculaire : des stades à 100 000 places, des écrans géants, des shows pyrotechniques, des animations à chaque temps mort.
Mais derrière cette démesure, il y a une vraie logique : connaître son public, faciliter son expérience et lui offrir un moment inoubliable.
En France, on n’a pas encore cette culture, mais on peut s’en inspirer. Il n’y a pas une seule fan expérience universelle : chaque club doit trouver la sienne, adaptée à son public, à sa ville, à son ADN.

 

 AT&T Stadium, Dallas
AT&T Stadium, Dallas – Crédit : Showtime Stadium
Mercedes-Benz Stadium, Atlanta
Mercedes-Benz Stadium, Atlanta – Crédit : Showtime Stadium
Oracle Park, SF
Oracle Park, SF – Crédit : Showtime Stadium

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