Interview croisée : Jean-Christophe Drouet et Flora Moussy, journalistes RMC Sport

 

Depuis le mois de septembre, RMC Sport propose une nouvelle émission en prime le lundi et le vendredi avec « Footissime ».

L’occasion de poser quelques questions à deux des journalistes qui animent ce nouveau rendez-vous consacré au football, Flora Moussy et Jean-Christophe Drouet.

SportBuzzBusiness : Pourquoi avoir choisi de différencier les émissions « Footissime » du lundi et du vendredi ?
Jean-Christophe Drouet :
 Flora est sur l’émission du lundi avec Saber Desfarges, moi je suis sur l’émission du vendredi. Le lundi on est beaucoup plus sur la projection, sur l’UEFA Champions League notamment, alors que le vendredi nous sommes plus en débrief.

SBB : Malgré quelques différences, on retrouve donc des points communs entre les deux émissions.
JCD : Oui, exactement. On a voulu garder des traceurs communs, nous avons un DJ sur le plateau, nous accueillons toujours un invité…

FM: Il y a des sujets qui reviennent souvent, je pense à « tacti’call », au « prompteur » qui est là pour chaque invité. Il y a quand même une trame commune pour qu’il y ait une cohérence entre le lundi et le vendredi, même si on a voulu qu’elles soient différentes en termes de contenu éditorial.

SBB : En savez-vous plus sur le départ de Lesly Boitrelle qui a co-présenté l’émission à ses débuts ? (interview réalisée en fin d’année 2018)
JCD : Alors là pas du tout, aucune idée. Elle ne s’est malheureusement pas confiée à nous sur ses futurs projets (ils rient), mais à n’en pas douter elle va très vite rebondir, elle a beaucoup de talent. Moi j’ai travaillé que deux mois et demi avec elle, et je trouve que c’est rare d’avoir une alchimie aussi rapidement. Et je ne dis pas ça pour l’interview, et on dit souvent du bien des gens qui sont partis, mais c’est vrai, je lui ai dit en privé et je l’ai même dit à l’antenne. Ça met souvent du temps à créer un duo, une complicité. Avec Lesly, en quelques semaines même au bout de deux émissions, on était déjà très complices. Donc je n’ai aucun doute sur son rebond et sur les perspectives qu’elle va donner, ensuite elle a aussi fait un choix de famille, elle a eu un bébé, bon je ne sais pas où elle va rebondir, mais elle rebondira c’est sûr.
FM : Elle rebondira c’est sûr. Moi j’avais déjà travaillé avec elle à Infosport. On s’est recroisé ici, et j’ai vu sa progression à travers les années donc clairement je n’ai aucune inquiétude pour elle pour la suite.

SBB : En tant que journaliste, est-ce que vous suivez l’actu média ou vous regardez ça de loin ?
FM :
On la suit forcément car on subit les conséquences de ces droits TV que peuvent obtenir les chaines. Nos dirigeants nous informent régulièrement de ce qu’il se passe. Après personnellement, je ne regarde pas ça de plus près.

JCD : Oui moi c’est quelque chose qui m’intéresse parce que c’est une logique dans notre entreprise, et de tous les médias. C’est toujours intéressant de savoir comment font les médias pour avoir telle ou telle compétition, et c’est aussi notre cœur de métier. Je pense que Flora n’a pas toujours travaillé sur une radio ou TV qui avait des droits, moi non plus. J’ai bossé notamment à L’Équipe où on n’avait pas forcément de droits premiums, en tout cas sur le foot. Ca m’intéressait déjà, aujourd’hui ça m’intéresse encore plus.

SBB : Ça peut avoir un impact sur vos choix de carrière ?
FM :
Les droits TV sont renégociés souvent, on ne peut pas s’amuser à suivre les droits, à aller là où sera diffusé la Premier League… C’est compliqué de fonctionner comme ça, aujourd’hui on ne peut pas. Une fois qu’on est engagé avec une chaîne, qu’on s’est installé dedans, on ne va pas se dire « je m’en vais parce qu’ils vont perdre les droits », c’est compliqué de vouloir construire sa carrière comme ça, c’est quasiment impossible.

JCD : Non. Parce qu’on a évolué dans des chaînes qui n’avaient pas de droits premiums. Et notre carrière ce n’est pas la Ligue des Champions, La Premier League, la Ligue 1… Mais en revanche ça fait partie de notre métier maintenant. beIN SPORTS est arrivé en 2012, puis SFR qui a pris les droits de la Premier League pour débuter, Mediapro va arriver bientôt… forcément ça créera un appel d’air et des journalistes partiront là-bas. Après, je parle pour moi, je travaille 90% du temps à la radio, on ne fait pas notre métier pas par rapport aux droits. Forcément ça change le cœur de nos émissions, quand on a les droits, on fait une autre émission mais on fait avant tout une émission de sport, de football. Nous sommes des animateurs, et c’est ça qui nous plait, après on s’adapte à la matière. On ne va pas jouer les girouettes tous les 3 mois parce que les droits changent.

SBB : Footissime est donc logiquement axé Premier League et Ligue des Champions.
FM : C’est vrai qu’on est un peu contraint parfois par les images qu’on peut avoir. Pour l’instant, nous avons la Premier League tous les week-end et de la Coupe d’Europe quasiment toutes les deux semaines à peu près. Nous sommes quand même relativement bien gâtés en termes d’images.

JCD : Pour Footissime, on n’a pas besoin de toutes les images. On a déjà les six plus gros clubs européens, avec la Ligue des Champions, tous les gros clubs sont concernés plus des clubs français, on a énormément de matière. Pour construire les émissions, on a un feuilleton.

SBB : L’UEFA Champions League, c’est le must pour une émission comme Footissime ?
JD :
Bien sûr, il n’y a aucune compétition au-dessus, surtout que c’est toute l’année. La Coupe du monde est un événement planétaire mais c’est éphémère. La Ligue des Champions c’est chaque année quasiment toutes les semaines, ça emporte tout. Ça se voit dans notre conducteur, quand il y a une semaine de Champions League, il est vampirisé par cette compétition parce que c’est ce que les téléspectateurs ont envie de voir.

FM : C’est la plus grande compétition effectivement, nous avons la chance de l’avoir et on essaie de l’exploiter au maximum.

SBB : Auriez-vous une anecdote à nous partager sur Footissime ?
JCD :
Je me rappelle que Jonathan Zebina était venu pour le deuxième vendredi de l’émission. Sauf qu’il ne devait pas être sur Paris, et finalement l’était, donc on l’a prévenu au dernier moment. Il a dit ok, sauf qu’il ne connaissait pas le dresscode de l’émission. Il est venu avec un pull et un gilet, très sympa au demeurant, mais pas top pour une émission. Il a vu Djibril Cissé très bien fringué comme toujours et Franck Leboeuf en costard. Au bout de cinq minutes il a dit « je me sens un peu gêné, je suis en gilet alors que les autres sont toujours bien fringués ». L’émission s’est très bien passée, il a beaucoup de choses à raconter, il est Footissime compatible, il a joué à la Juventus et en Équipe De France. Mais il nous a dit « la prochaine fois prévenez-moi je m’habillerai un peu mieux »

SBB : Devenir journaliste sportif était-il un objectif depuis votre plus jeune âge ?
FM : Oui. Moi j’ai fait toutes mes études pour en arriver là. J’ai fait une licence de lettres modernes appliquées et j’ai fais deux ans en école de journalisme après. Je suis très vite sortie à Infosport puis ici à RMC Sport. Oui c‘était mon objectif et j’ai calqué toutes mes études pour en arriver là.

JCD : Vers 13/14 ans, j’ai eu comme un déclic en écoutant un match à la télévision avec Thierry Roland. J’ai dit à ma maman ce soir-là « Je veux être commentateur ». C’est parti comme ça, j’ai fait mes études dans cet objectif-là. J’ai fait une licence d’histoire, parce que je trouvais qu’il me fallait un peu de plomb dans la tête avant de rentrer en école de Journalisme et parce que j’étais très intéressé évidemment par l’histoire. Plus petit je voulais faire archéologue, mais ce n’est pas forcément un métier d’avenir. Ensuite, l’école de journalisme, et au final je me suis totalement éloigné du commentaire, car j’ai très vite compris que ce n’était pas quelque chose qui me correspondait. A 14 ans je voulais être commentateur, mais aujourd’hui je préfère largement être animateur, c’est plus ça qui me correspond et qui va avec mon profil.

SBB : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?
FM : J’ai fait une licence de lettre, ensuite j’ai été à l’IEJ à Paris, j’ai fait une 3ème année générale puis un master sport où j’ai travaillé avec plein de commentateurs sportifs comme Nelson Monfort ou encore  Messaoud Benterki. Ensuite, j’ai travaillé beaucoup sur le web et en parallèle j’étais en pige à Infosport. J’ai eu l’opportunité de faire un jour un test en présentation et ça s’est bien passé donc j’ai commencé à faire des plateaux en extérieurs, présenter des matinales, puis ça s’est accéléré comme ça. Après je suis passé en CDD pendant 3-4 ans là-bas. Et puis j’ai quitté la chaîne cet été pour RMC Sport où j’ai la chance d’être présentatrice à temps plein.

JCD : Bravo ! Quel parcours ! Quelle carrière ! (rires) Donc moi après la licence d’histoire, j’ai fait 1 an de journalisme à Montréal car j’avais envie de tester une année à l’étranger. Ensuite quand je suis revenu j’ai fait une école de Journalisme sur Paris pendant 2 ans. Cela m’a permis de faire pas mal de stages, dont quelques mois à L’Équipe et Canal +. Ça s’est bien passé donc j’ai continué à faire des piges pour les deux. A L’Équipe j’étais chef d’édition, et je suis passé un peu à la présentation ensuite. A Canal je faisais les grands formats pour Jour de foot et le Canal Football Club. En 2012, L’Équipe m’a proposé un contrat pour animer une émission qui s’appelait Foot&co en access, sur ce qui était encore l’Équipe TV, donc pas encore sur la TNT. Quand on est passé sur la TNT, j’ai commencé à animer en access L’Équipe Type pendant quatre ans. J’ai quitté L’Équipe l’année dernière et RMC m’a appelé quasi dans la foulée. J’ai fait un an de pige à la radio où ça s’est très bien passé et je suis passé en contrat en juillet dernier pour faire de la radio et un peu de TV.

SBB : Votre parcours montre que ce métier est en constante évolution et a différentes branches…
JCD :
Bien sûr, on peut décider de s’occuper des émissions, d’être chef d’édition, d’être Rédacteur en Chef.

FM : En plus là on ne parle que de la TV, mais il y a aussi la radio, la presse écrite, le web, il y a tellement de possibilités…

JCD : Oui, il y a aussi les JRI (Journalistes Reporters d’Image, ndlr). Après c’est une petite partie de la branche. Souvent quand on croise des gens plus jeunes, ils veulent faire de la TV car ça fait toujours un peu plus briller. Mais dans le journalisme y a tellement de métier passionnant… Moi j’ai commencé en tant qu’assistant et chef d’édition, et j’adorais ça. C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses à faire dans ce métier et pas que de l’animation.

SBB : Quels conseils donneriez-vous à un étudiant en journalisme ?
FM :
On m’a souvent posé cette question, et j’ai toujours répondu la même chose. Il ne faut jamais lâcher, c’est un boulot d’abnégation. Et je sais de quoi je parle, j’ai failli lâcher plein de fois, parce que c’est compliqué au début quand on est en pige, qu’on gagne moins que ce qu’on a à payer pour notre loyer. Et des fois on se dit « pourquoi je me suis lancé là-dedans, pourquoi j’ai voulu faire ça »et il ne faut pas oublier pourquoi on l’a fait au début, pourquoi on s’est lancé, ne pas lâcher, avoir de l’abnégation. Et se dire qu’on n’a pas fait ça par hasard, car c’est un métier qu’on a choisi par passion, et qu’il ne faut pas lâcher à la première difficulté.

JCD : Pour les jeunes qui viennent en stage de 3ème à la rédaction, je leur dis travaillez, travaillez, travaillez. Je viens d’un milieu plutôt modeste, pour payer mes études j’ai fait un prêt et j’ai travaillé dans des fast foods, dans les caisses de supermarché. Ce sont des métiers très exigeants, difficiles, qui apprennent la valeur du travail et de l’argent. Quand on a la chance de savoir ce qu’on a envie de faire très tôt, on peut orienter nos études dans ce sens-là. Et quand on travaille, quand on y croit, quand on en veut, on n’a rien sans rien, si on bosse a un moment ça paiera, et les gens diront de lui qu’il est fiable ou qu’elle est fiable, on peut y aller, on peut lui faire confiance. Nous on est privilégiés, on se lève, on va parler de foot, on va parler du PSG, du match du Real le soir, c’est un métier-passion. Et donc, quand on a la chance de faire un métier-passion, il faut s’en donner les moyens un peu plut tôt. Mais il faut le réaliser quand on est jeune, souvent on ne le réalise pas tout de suite ce n’est pas simple. De travailler et d’avoir un bon parcours, ça permet ensuite d’avoir un éventail de choix plus tard et de pouvoir vivre de sa passion et ça c’est génial.

Et dans ce métier comme d’autres, on parle souvent de piston, mais moi je ne connaissais personne avant de faire ce métier. Il faut juste avoir un jour quelqu’un qui te donne un numéro ou qui pose ton CV auprès d’une personne, ensuite c’est à chaque individu de faire ses preuves. Il suffit d’un petit coup de pouce, de quelqu’un qui dit « tiens tu devrais le rencontrer juste comme ça » et ensuite c’est à la personne de cartonner.

SBB : C’est quoi la vie de tous les jours d’un journaliste à RMC Sport ?
FM :
La vie de tous les jours elle dépend de notre planning. En ce qui me concerne, il est assez mouvant, par exemple il arrive que je ne connaisse pas mon planning de fin de semaine. Donc, la vie personnelle en dépend et en subit les conséquences, car on a des horaires parfois compliqués, on peut finir tard, on travaille évidemment les week-ends. Ce n’est pas beaucoup de temps chez soi, et beaucoup de temps à la rédaction.

JCD : Moi une journée type c’est, je m’occupe de ma fille le matin, et ensuite je travaille surtout l’après-midi et le soir, souvent à 19/20h la radio, ça dépend des jours.

SBB : Ça vous laisse du temps pour faire du sport ?
FM :
Absolument pas (rires). Ça fait à peu près trois ans que je me dis qu’il faut que je me remette au sport et en fait je n’y arrive pas, car, même quand j’ai un peu de repos, je me dis que j’ai mieux à faire que de faire du sport malheureusement.

JCD : Mais elle n’en a pas besoin, elle a une taille absolument magnifique (rires). Mais c’est vrai que ça fait toujours du bien, ça permet d’extérioriser un peu. Moi je cours, et je fais du foot parce que c’est mon dada, mais je n’en fais pas comme je voudrais en faire.

SBB : Vous êtes fan d’une équipe ou d’un sportif en particulier ?
JCD :
Je suis un fan de Michael Jordan. J’adore le foot et le basket, et je n’ai pas beaucoup d’idoles, d’autant plus que quand on rentre dans ce métier, on désacralise très vite les sportifs, on ne les regarde plus avec nos yeux d’enfants. Mais pour moi, Michael Jordan reste le sportif du siècle, et celui, tous sports confondus, qui m’a fait le plus vibrer.

FM : moi je vais dire Roger Federer, parce que j’adore le tennis en dehors du foot. Et Federer c’est un peu la classe incarnée !

 

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