Alors que la Coupe du monde 2031 se profile outre-Atlantique, World Rugby envisage de déplacer certains matchs du Tournoi des Six Nations aux États-Unis pour séduire un nouveau public et développer le marché américain.
Et si le légendaire Swing Low, Sweet Chariot résonnait bientôt dans un stade de New York ou Los Angeles ? L’idée peut sembler farfelue, mais elle est bel et bien à l’étude. Dans le cadre de la stratégie de promotion du rugby en amont de la Coupe du monde 2031, le directeur général de World Rugby, Alan Gilpin, a confirmé vouloir explorer la possibilité de délocaliser certains matchs du Tournoi des Six Nations aux États-Unis.
En déplacement à Chicago pour l’annonce des villes hôtes du Mondial, Gilpin a expliqué :
« Les possibilités sont nombreuses. Pourrions-nous organiser des matchs du Tournoi ici ? Ou même des rencontres de saison régulière ? Nous souhaitons explorer d’autres options et encourager les initiatives sur les cinq prochaines années. »
Cette ambition s’inscrit dans un plan global de développement de la discipline sur le marché nord-américain, encore peu habitué à l’ovalie. L’objectif est clair : accroître la notoriété du rugby avant 2031, tout en générant de nouvelles retombées commerciales. « Non seulement les fédérations en bénéficieront, mais nous créerons un public de rugby local garantissant le succès de la Coupe du monde », a ajouté Gilpin.
Opportunité économique et crainte de dénaturation
Si l’idée séduit les investisseurs et les diffuseurs, elle suscite aussi des réticences chez les puristes. Délocaliser un France-Angleterre ou un Écosse-Irlande au-delà de l’Atlantique interroge sur l’équité sportive et le respect de la tradition.
« Nous devons trouver un équilibre entre l’importance économique de ces initiatives et l’équité envers les supporters européens », a reconnu le dirigeant britannique.
World Rugby n’en serait pas à son coup d’essai. L’instance a déjà expérimenté des matchs “exportés”, notamment en organisant un Rugby Championship à Twickenham entre l’Argentine et l’Afrique du Sud. Une manière d’évaluer l’appétit des fans internationaux et la rentabilité d’un tel événement.
Une tendance déjà présente dans le football
Le rugby ne serait pas le premier sport à tester ce modèle. En football, la Liga avait un temps envisagé un match officiel à Miami, avant d’y renoncer sous la pression de la FIFA et des supporters. La Serie A, elle, passera à l’acte : un match du championnat italien sera joué à Perth (Australie) en 2025. Ces initiatives confirment une tendance lourde : la globalisation des grandes compétitions sportives, où la conquête de nouveaux marchés prime de plus en plus sur la tradition.
Reste à savoir si le public américain, davantage habitué au Super Bowl qu’aux mêlées fermées, répondra présent. Mais une chose est sûre : avec la Coupe du monde 2031 à l’horizon, World Rugby compte bien faire du Tournoi des Six Nations un levier majeur de conquête du marché américain.
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