À l’occasion des cinq ans du média, Ecolosport et son fondateur Michael Ferrisi dévoilent Inspire, une série de documentaires immersifs mêlant sport, écologie et narration créative. Ce projet, conçu pour toucher un large public, cherche à rendre les enjeux environnementaux accessibles et engageants, tout en visant à inspirer une prise de conscience collective.
Sportifs du dimanche, enseignants, curieux ou citoyens pressés : avec Inspire, tout le monde est bienvenu. En misant sur des formats variés – podcast, dessin, vidéo, article – Ecolosport veut créer des récits immersifs capables d’ouvrir les yeux sur les grands défis environnementaux. Loin des discours culpabilisants, ce nouveau projet espère susciter une prise de conscience… et pourquoi pas, faire entrer l’écologie par le sport jusque dans les écoles. Explications avec Michael Ferrisi, fondateur du média.
Michael, Ecolosport a lancé Inspire, une série de documentaires, début octobre. Quel est l’objectif derrière ce projet ?
Eh bien, c’est très simple : l’idée, c’est de donner toutes les clés de compréhension aux lecteurs. On a commencé par la thématique des océans. L’idée, c’est qu’à la fin du dossier, en ayant picoré ici et là les contenus qu’on propose, que le lecteur soit en capacité d’agir s’il le souhaite. En tout cas, d’avoir compris la problématique et de connaître les solutions qui existent. On veut donner des outils pour que le citoyen, la citoyenne, le fan de sport… soit en capacité, s’il le souhaite, d’agir, parce qu’il a compris l’urgence.

Vous proposez un format long, gratuit et immersif. C’est un pari audacieux à l’heure du scroll. Comment avez-vous fait pour trouver l’équilibre entre profondeur de contenu et accessibilité ?
En effet, c’est un long format, même un très long format. Mais c’est un sujet qui le mérite. On ne peut pas s’attarder juste 20 secondes dessus. C’est complexe donc ça nécessite, selon moi, d’y accorder vraiment une importance et de se poser.
L’avantage d’Inspire, c’est que ce n’est pas un contenu qui est fait pour être consommé pendant 20 minutes, en one shot. L’idée, c’est de se dire « ça existe, j’ai un peu de temps, j’y pense, je vais aller voir ce que je peux regarder comme contenu, ce que je peux écouter et de suivre l’histoire au fur et à mesure”. On peut venir picorer les contenus. Ce n’est pas forcément sur quelque chose qui doit être lu d’une traite. On peut lire une partie, s’arrêter, faire autre chose et revenir. Même si on n’a que deux minutes, on peut venir et trouver un contenu qui permet de remplir ce temps-là.
Vous vouliez aussi marquer le coup pour les cinq ans du média ?
Effectivement, on s’est demandé comment on pouvait, pour nos cinq ans, faire quelque chose de nouveau. Ecolosport est un média qui parle beaucoup aux professionnels du sport, on est bien identifiés aujourd’hui par ceux qui travaillent dans le secteur. Cette fois, on a voulu aller plus loin, essayer de parler au grand public, aux coureurs du dimanche, à ceux qui ne s’intéressent pas à l’écologie de base ou qui n’ont pas le temps de s’y intéresser. Pour cela, on a essayé de créer une histoire dans laquelle on va parler d’environnement en prenant le sport comme porte d’entrée.
On a volontairement souhaité se détacher de l’image d’Ecolosport. On a même hésité à sortir ce projet indépendamment du média. Ecolosport, le nom peut être repoussant pour ceux qui n’apprécient pas le sujet. Graphiquement aussi, on s’est éloigné du vert, qui rappelle l’écologie.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour mûrir ce projet et le réaliser ?
Alors ce projet, on y pense depuis la fin d’année 2024. On avait besoin d’un partenaire pour le lancer. Parce que réaliser un tel produit, ça prend évidemment du temps, il y a besoin d’un budget conséquent derrière. On a d’abord voulu le lancer en juin parce que c’était nos 5 ans, mais c’était un peu court donc on a dû repousser à début octobre. Ce qui nous a permis de laisser mûrir le projet et de le faire évoluer. Il est finalement beaucoup plus ambitieux et plus fourni que prévu.
Pour faire un nouveau numéro, il nous faudrait environ un mois. Sortir un dossier tous les deux mois, c’est vraiment le rythme qu’on rêve d’avoir.
C’est une façon aussi de pérenniser le média ?
En effet. Ce projet, c’est une manière de pérenniser le modèle économique autour du média, ce qui n’est pas facile. Aujourd’hui, on a une agence d’accompagnement qui soutient les fédérations, les clubs, les organisations sportives dans cette transition. C’est grâce à cette agence que le média survit. C’est un modèle économique qu’on a mis en place il y a trois ans. On essaie de faire en sorte que le média puisse vivre seul aussi, et donc ce projet doit permettre ça. Sachant que chaque dossier sortira uniquement s’il est financé.
On a réussi pour les deux premiers. Ils ont été financés par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ndlr), qui j’espère continuera son soutien en 2026. Après, on ne ferme aucune porte, on discute avec pas mal d’acteurs publics et privés, des entreprises qui sont engagées…
L’ADEME nous a laissé carte blanche.
Vous lancez également une campagne de financement participatif ?
Oui, on va lancer ça début novembre. L’objectif, c’est que la communauté d’Ecolosport, qu’on n’a jamais sollicitée auparavant – on n’a jamais demandé de dons, tout le média est gratuit – va pouvoir choisir un sujet de manière très démocratique à travers un vote. Ceux qui participent vont pouvoir être parties prenantes du projet.
Vous avez travaillé avec l’ADEME sur les deux premiers numéros. Est-ce que c’était difficile de concilier indépendance éditoriale et partenariat institutionnel ?
Non, avec l’ADEME, ça n’a pas été compliqué du tout. Ils nous ont laissé carte blanche. Aussi parce que le sujet sur les océans, c’est un support qui va leur servir. C’est ça qui est intéressant. Ils vont pouvoir sensibiliser et communiquer grâce à ce support qui a été coconstruit avec eux. L’intervention de l’ADEME, elle est évidemment financière, mais elle est aussi sur l’aspect très technique, on a fait appel à leurs données. Ce qu’on raconte, ça a été validé, au sens où il ne faut pas qu’on raconte de bêtises naturellement. Dans le premier numéro, leur aide a été légère, elle sera beaucoup plus conséquente dans le deuxième.
Justement, quel sera le thème de ce deuxième dossier ?
On va y parler de la pratique sportive dans le futur. Réfléchir à comment elle sera si on prend correctement le virage de la transition écologique. On ne veut pas non plus être dans un monde dystopique ou utopique. On pose le constat en disant, avec les trajectoires climatiques actuelles, voilà comment le sport devrait être si on ne se bouge pas. L’idée, c’est d’inspirer, de créer une espèce de récit un peu optimiste. Ça va s’appeler 2052. Pour ça, on va s’appuyer sur les travaux des ingénieurs de l’ADEME qui vont nous transmettre les trajectoires qu’ils ont imaginées. On va essayer de les mettre en récit.
On veut aussi parler de différents sujets qui ne sont pas forcément des thématiques écologiques, ça peut aussi être des thématiques sportives. Typiquement, il y a une Coupe du monde de foot en 2026. On peut réfléchir à comment on essaie de parler de foot différemment, comment on imagine un autre football, autre que celui proposé par la FIFA.
On a plein d’idées, tous les sujets sont possibles. On discute aussi avec des partenaires sur le sujet de l’inclusion, du handicap, de l’égalité femmes et hommes dans le sport. L’idée, c’est à chaque fois d’avoir quelque chose de très créatif.
Ca peut être intéressant que les enseignants diffusent nos documentaires à leurs élèves.
Se calquer sur l’actualité plus chaude, c’est une volonté ?
Un petit peu, en effet. Pas systématiquement, mais ça peut. Une Coupe du monde de foot, c’est pas anodin. Je pense aussi aux élections municipales qui arrivent (en mars 2026, ndlr). On aimerait par exemple réfléchir à comment on parle de sport dans la ville, comment les politiques publiques peuvent favoriser la pratique du sport, comment on peut rendre la politique plus écoresponsable et inclusive… Donc, oui, on a envie de parler de ces gros rendez-vous-là. Mais, on veut surtout proposer des dossiers intemporels.
Dans votre communication, vous évoquez le corps enseignant. Que vos documentaires soient plus tard diffusés dans les classes d’écoles, ce serait un accomplissement ?
Tout part de l’éducation. Pour tous les sujets, pour faire une bonne société, tout part de l’éducation. Pour le volet environnemental, c’est la même chose. Selon moi, le sport est vraiment une bonne porte d’entrée pour parler d’environnement parce que, de base, ce n’est pas un sujet toujours très sexy. Prendre le prisme du sport, des athlètes, ça résonne plus facilement chez les enfants, chez les adolescents. On propose d’ailleurs certains contenus adaptés aux jeunes. Donc oui, ça peut être intéressant que les enseignants diffusent nos documentaires. J’incite les établissements en s’en emparer.
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