Pour de nombreux supporters français, le rêve américain est en passe de se transformer en véritable cauchemar financier. Entre le prix des billets, les vols et un hébergement hors de prix, l’addition s’annonce plus salée que jamais.
Les premiers tarifs dévoilés montrent des billets environ cinq fois plus chers que lors de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, et encore davantage comparés à l’édition russe de 2018.
Selon Olivier Chicha, Président de l’association Les Baroudeurs du Sport, l’une des 11 associations officiellement reconnues par la Fédération Française de Football :
« Sans compter la nourriture, l’essence et les loisirs, pour un séjour pouvant dépasser les 35 jours si les Bleus vont loin, on dépasse facilement les 10 000€ de budget par supporter, même pour ceux qui ont anticipé leurs vols et hôtels. »
Face à ce constat, plusieurs associations de supporters européens ont saisi leurs fédérations respectives, demandant à la FIFA de revoir sa politique tarifaire. Leur argument est clair : « Le football est – et doit rester – un sport populaire, accessible à toutes et tous ».
À ce stade, la FIFA n’a pour le moment pas officiellement réagi à cette mobilisation.
Autre point de crispation : les supporters doivent réserver et régler l’intégralité de la compétition avant la fin de l’année, avec un remboursement éventuel sous 60 jours en cas d’élimination de leur équipe, moins une retenue de 10€ par billet…
Cette politique tarifaire a déjà des conséquences concrètes.
« L’annonce des prix a été un vrai coup dur. Il y a quelques mois, plus de 100 adhérents des Baroudeurs envisageaient le déplacement. Aujourd’hui, on est plutôt autour de 50, et ce chiffre pourrait encore baisser selon les retours de la FFF », explique Olivier Chicha.
Un léger motif d’optimisme subsiste toutefois : si les Bleus terminent premiers de leur groupe, l’ensemble des matchs se jouerait sur la côte Est, jusqu’à une potentielle demi-finale à Dallas. Une configuration qui faciliterait la logistique et pourrait limiter certains coûts.
Une Coupe du Monde pour les Américains ?
Autre sujet de controverse : l’introduction de la tarification dynamique, une première dans l’histoire de la Coupe du Monde.
Initialement annoncés à 21$ en catégorie 4 dans le dossier de candidature, les billets les moins chers sont désormais soumis à ce “dynamic pricing”, un modèle bien connu aux États-Unis.
Pour de nombreux supporters, ce système n’est qu’un levier supplémentaire pour maximiser les revenus de la FIFA, au détriment de l’accessibilité.
À titre de comparaison, le Super Bowl LIX, organisé à La Nouvelle-Orléans en février dernier, proposait des billets entre 6 000$ et 60 000$.
Dans le contexte américain, le salaire annuel moyen avoisine les 65 000$, soit environ 5 500$ par mois, avec un coût de la vie toutefois plus élevé qu’en Europe.
Malgré toutes les critiques, la demande est là.
Malgré ces nombreuses critiques, la demande reste extrêmement forte. La dernière phase de vente, lancée le 11 décembre et ouverte jusqu’au 13 janvier, a généré plus de 5 millions de demandes en seulement 24 heures, selon la FIFA.
Ces demandes proviennent de plus de 200 pays, avec une majorité issue des trois pays hôtes — États-Unis, Mexique et Canada — suivis notamment par la Colombie, l’Angleterre, le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne, l’Australie… et la France.
À noter également que tout billet revendu via la plateforme officielle de la FIFA sera soumis à une commission de 15%.

Engouement populaire ou limite du sport business ?
À six mois de la première Coupe du Monde organisée sur trois pays, une question demeure : l’engouement des supporters français sera-t-il plus fort que l’inflation du sport business ?
Ou verra-t-on émerger une forme de boycott, symbole d’un football mondial de plus en plus éloigné de sa base populaire ?