La carrière d’un sportif professionnel est, par nature, limitée dans le temps. Passé un certain âge, le corps ne répond plus aux mêmes exigences, les performances déclinent, et la question de l’après-carrière s’impose. Pourtant, une seconde vie professionnelle, parfois tout aussi riche, passionnante et porteuse de sens, peut s’ouvrir à eux, que ce soit dans l’univers du sport ou dans des domaines totalement différents. Les athlètes disposent de nombreuses compétences et qualités transférables qu’ils peuvent valoriser dans d’autres secteurs.
C’est précisément l’une des thématiques majeures abordées lors de l’événement Demain le Sport 2025. Pour cette quatrième édition, organisée conjointement par L’Équipe, Radio France et France Télévisions, la journée a offert au public une série d’interventions d’athlètes en activité, d’anciens champions, d’acteurs du monde sportif, de spécialistes de la performance et de représentants du monde de l’entreprise, tous engagés dans un même objectif : accompagner les athlètes, notamment dans la transition vers l’après-carrière.

De multiples pistes après le terrain
Si certains sportifs se dirigent vers les médias, grâce à leur expertise technique et leur notoriété, d’autres mettent leurs compétences tactiques et leur expérience au service de leur discipline en tant qu’entraîneurs ou managers. Ces parcours, souvent visibles, ne représentent cependant qu’une partie des trajectoires possibles. D’autres sportifs deviennent entrepreneurs, se tournent vers l’enseignement comme professeur d’éducation physique ou coach sportif, ou mettent leurs savoir-faire au service de métiers hors sport, tels que manager commercial, marketing, événementiel ou dans le secteur privé.
Lors des tables rondes de Demain le Sport, le casting montrait bien la diversité des trajectoires après le sport. « Autour de la table, nous avons Alizée Cornet, romancière (l’ancienne tenniswoman vient de publier son troisième roman), un chef d’entreprise avec Jo-Wilfried Tsonga (fondateur-directeur de la ALL IN) et un capitaine de Coupe Davis, Paul-Henri Mathieu », plaisante le journaliste de Radio France Fabrice Abgrall, animateur de la table ronde.
Casting exceptionnel
Alizé Cornet, Astrid Lew Yan Foon, Paul-Henri Mathieu, Jo-Wilfried Tsonga et Vincent-Baptiste Closon ! #DemainLeSport avec @BNPParibas & @WeAreTennisFR pic.twitter.com/laRDz8feOH
— L’Équipe (@lequipe) October 7, 2025
Les parcours divergent selon les volontés et les opportunités professionnelles. « Il y a ceux qui veulent rester dans leur discipline. Et puis il y a ceux qui souhaitent explorer une vie en dehors du sport. On constate de plus en plus de sportifs qui veulent élargir leur éventail d’études. Nous avons une trentaine de conventions avec des écoles, de la personne qui veut devenir dentiste à celle qui veut être cuisinier », explique Fabien Canu, directeur général de l’INSEP.
Même si les possibilités sont nombreuses, certaines professions restent difficiles d’accès. Dans sa dernière étude Reconversion des sportifs de haut niveau vers des métiers cadres : l’importance du double projet, l’Apec démontrait en 2025 que « malgré des améliorations notables, notamment depuis la loi Braillard de 2015, le parcours de reconversion des sportifs de haut niveau vers des métiers cadres reste compliqué ». C’est sur ce point que les progrès sont encore à faire.
Des compétences très recherchées et un « diplôme invisible » sur le marché du travail
Pourtant, l’Apec rappelle que les sportifs disposent de compétences très recherchées sur le marché du travail : leur capacité à négocier, à communiquer efficacement, leur ambition et leur persévérance sont autant d’atouts qui peuvent faire la différence dans de nombreux métiers, notamment dans les fonctions commerciales ou managériales. Même lorsqu’ils n’ont pas eu le temps, les moyens ou les diplômes requis, leur carrière constitue un véritable « diplôme invisible ».
« Les sportifs ont une vraie capacité de travail, de résilience, de gestion de l’échec et de dépassement de soi. Le sportif valide énormément de compétences sans même s’en rendre compte », Jo-Wilfried Tsonga
« Ce qui intéresse les entreprises dans le recrutement, c’est la personne : le savoir-être, le comportement. Le sportif sait vivre en collectivité, se battre et rester motivé. Il est souvent très adaptable dans le monde du travail », ajoute Fabien Canu.
Samuel Tual, président d’Actual Group, insiste sur les notions de « respect des règles » et d’« effort » inculqués dès le plus jeune âge :
« Ils ont beaucoup travaillé dans toutes les disciplines. Ce mot, effort, n’est pas à la mode dans notre société, mais son apprentissage est fondamental pour réussir en entreprise. » Samuel Tual
L’entrepreneuriat, nouveau terrain de jeu
Depuis la fin de sa carrière sportive, Blaise Matuidi s’est tourné vers l’entrepreneuriat. « C’est important d’avoir quelque chose qui m’anime tous les jours, un objectif chaque matin », explique-t-il lors de la table ronde Un nouveau souffle après la carrière. Le champion du monde de football est co-fondateur de Playse, une start-up qui facilite la réservation de terrains et permet à des jeunes d’avoir un coach certifié pour des séances personnalisées. Il a également créé un fonds d’investissement avec Yohan Benalouane.
« Nos soft skills invisibles doivent nous permettre de devenir les prochains leaders en entreprise, que ce soit en tant qu’entrepreneur ou salarié », Yohan Benalouane
L’ex-footballeur, professionnel entre 2007 et 2021 et international tunisien, regrette parfois le manque de confiance des entreprises vis-à-vis des sportifs fraîchement retraités. Pour lui, ces derniers possèdent un véritable « diplôme invisible ». « En tant qu’athlète de haut niveau, cela nous permet de devenir des leaders dès le plus jeune âge. On baigne dans la rigueur, le dépassement de soi, le souci du détail et des soft skills que l’on peut transférer en entreprise. »
Pour beaucoup de sportifs de haut niveau, se préparer à l’après, ce n’est pas attendre la fin de la carrière, mais ça a été une construction pendant un temps long. Chaque expérience sportive devient un atout, chaque effort fourni sur le terrain se transforme en compétences transférables, préparant les athlètes à écrire avec succès le prochain chapitre de leur vie.