CVC, droits TV Ligue 1, CANAL+… Que retenir de l’audition de certains dirigeants au Sénat ce matin ?

Ce matin, le Sénat organisait une table ronde sur la « financiarisation du football ». Des dirigeants de clubs français étaient auditionnés par la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport présidée par Laurent lafon.

Face à la commission, on retrouvait Jean-Michel Aulas, vice-président délégué de la Fédération française de football, Président de la LFFP et ancien président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Pierre Caillot, président du conseil d’administration de la LFP et directeur général du Stade de Reims, Joseph Oughourlian, président du RC Lens, Olivier Letang, président-directeur général du Lille Olympique Sporting Club (LOSC) et Maarten Petermann, représentant du fonds Merlyn Partners, propriétaire du LOSC.

L’occasion d’avoir quelques éclaircissements de concernés directs sur l’arrivée de CVC Capital et l’actualité chaude de la commercialisation en cours des droits TV de la Ligue 1 pour les saison à venir.

CVC Capital, un bon deal ?

« Nous avons tiré les leçons de Mediapro, le deal CVC est bon car on a vendu à un très bon prix 13% des droits de la mediaCo. On travaille ensemble avec CVC. Quand vous vendez une société on fait un plan ambitieux. On a fait une bonne affaire, le deal avec CVC est inespéré » a notamment rappelé Joseph Oughourlian, président du RC Lens. « Quand le fonds CVC met 1,5 milliard d’euros, c’est une nouvelle inesperée dans le contexte. C’est une nouvelle positive car les acteurs locaux ne sont pas là… corporate, diffuseurs, autorités publiques.. »

« CVC n’était pas le seul à évaluer le football français à ces niveaux, d’autres fonds étaient intéressés également et certains étaient forts déçus de ne pas avoir été retenus. Certains sont parmi les meilleurs, indépendamment de CVC. » a ajouté Jean-Michel Aulas. « Je persiste à penser que le plan d’affaire de CVC était et est rationnel dans son approche […] A l’époque, nous n’avons pas fait je pense une erreur. »

Replay intégral (2 heures)

Combien valent actuellement les droits de la Ligue 1 ?

« En 2018, Canal Plus n’était pas là, ils ont mis 1€ pour sortir des enchères et aller en gré à gré c’est respectable. C’est une stratégie. La ligue à l’époque a choisi ce qu’il y avait, Mediapro. La Série A a été plus sage… » rappelle Joseph Oughourlian. « Aujourd’hui, tous les chemins mènent à Canal+, il sont dans le football depuis 30 ans, ils ont les abonnés. On est dans une situation de monopole naturel et de monopsone. C’est compliqué de déterminer un prix pour les droits TV quand il y a un monopole naturel… Le foot français en général est extrêmement attractif, c’est pour ça que des fonds investissent dans des clubs. Ca devraient vous réjouir de voir des capitaux étrangers puisque malheureusement peu de français investissent dans le foot français. »

« Le prix détermine le produit, c’est le plan de CVC » – Joseph Oughourlian, président du RC Lens

« Lorsqu’on n’est pas dans une situation de monopole, on voit que McDonald’s double le contrat de Naming de la Ligue 1 d’Uber Eats, Nike double son contrat équipementier avec la FFF…Ce ne sont pas des petites sociétés, eux trouvent que ça vaut 2 fois ce que ça valait. C’est donc compliqué de déterminer un prix juste des droits de la Ligue 1 dans ce type de négociation avec un monopole naturel. C’est d’autant plus compliqué que le prix détermine le produit, c’est le plan de CVC, vous nous donnez plus d’argent pour nos droits TV, on investit dans nos clubs pour rendre plus attractif le championnat et augmenter les audiences… Il y a 30 ans, Sky a mis de gros montants dans la ligue anglaise pour rendre le produit attractif. C’est ça le deal avec CVC, avoir une spirale vertueuse… ils sont en discussions avec la ligue mexicaine en ce moment. »

La main tendue à CANAL+

Lors de cette audition, le président du RC Lens a été particulièrement été en vue. Ce dernier, qui a racheté le RC Lens en 2016 à titre perso, a plusieurs fois fait état du manque d’implication et de soutien d’acteurs français.

« Il n’y pas d’investisseurs français dans les clubs, on peut penser que c’est bien, que ce n’est pas bien, on peut le regretter.. . les autorités publiques généralement ne voient pas d’un regard bienveillant le football… c’est culturel.. lorsqu’on voit la manière dont sont traités parfois les supporters par les préfets…Canal+ préfère allez payer 480M€ pour la Champions League, enrichissant les autres clubs européens plutôt que de mettre l’argent dans la Ligue 1 » a précisé Joseph Oughourlian.

« On s’est perdu quelque part avec Canal+… C’est comme dans un divorce, ce n’est pas toute la faute de Canal+ ou de la ligue.. on a échoué, il faut qu’on en tire les leçons.. il faut qu’on retrouve un relation de confiance avec Canal+. C’est un fait, aujourd’hui ils ont dépensé 480M€ sur la Champions League, ils ne vont pas, sans doute, casser la tirelire pour la Ligue 1… » 

Le projet d’une chaine 100% Ligue 1

« A ma connaissance Mediapro visait 4M d’abonnés à l’époque…. La situation actuelle est un peu délicate à commenter car nous sommes dans une période de négociations, je ne suis pas sûr que l’on souhaite dévoiler toutes nos cartes » a répondu Joseph Oughourlian interrogé sur le projet d’une chaine éditée par la LFP. « Mediapro n’avait que 80% de la Ligue 1 et pas les meilleurs matchs.. Là, le plan d’une chaine qui proposerait 100% des matchs est plus raisonnable que ce qui était présenté par Mediapro. On peut espérer évidemment moins de confusion, que le consommateur s’y retrouve et qu’on retrouve plus d’abonnés au final. »

 

L’audition de CVC Capital de l’après-midi

Un peu plus tard dans la journée, la commission a entendu Jean-Christophe Germani, président et Edouard Conques, managing director de CVC Capital partners.

Lors de cette audition, c’est le salaire de Vincent Labrune, Président de la LFP et de la société commerciale, qui a cristallisé l’attention médiatique. Les deux dirigeants de CVC ont semble-t-il découvert que 50% du salaire de Vincent Labrune pour son poste de président de la LFP était refacturé à la société commerciale. Le salaire de ce dernier est passé de 400 000 euros à 1,2 million d’euros à l’année.

« CVC a récupéré 13% des parts pour 1,5 milliard d’une entité qui était initialement une délégation de service public. CVC a donné de l’argent et demande de récupérer de l’argent au nom de la société commerciale, de LFP Media » commente Pierre Rondeau, spécialiste de léconomie du sport, à RMC. « On se dirait que l’argent récolté permettrait de soutenir les clubs et le développement du foot français. CVC le penserait aussi et tout le monde a découvert jeudi après-midi qu’une partie des sommes générées est reversé dans la poche de Vincent Labrune. »

 

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