Interview : Martin Jaglin, co-fondateur de Mon Petit Gazon (MPG) racheté par LFP MEDIA il y a un an

Martin Jaglin, co-fondateur MPG

 

Il y a un an, la Ligue de Football Professionnel (LFP) officialisait l’arrivée de « Mon Petit Gazon » dans son écosystème digital.

Fondée par Martin Jaglin, Benjamin Fouquet et Grégory Rota en 2011, la société a été rachetée à 100% par LFP MEDIA avec « l’ambition d’offrir aux fans des contenus innovants ».

Pour en savoir plus sur la revente de MPG, un choix crucial dans la vie d’une entreprise, nous avons posé quelques questions à Martin Jaglin. L’occasion d’en savoir plus sur les coulisses de la transaction mais aussi les doutes et les certitudes de l’entrepreneur qu’il souhaite rester.

« Nous avons discuté du rachat avec 10 sociétés. Nous avons eu 3 offres fermes […] un diffuseur télé, un opérateur de paris sportifs et la LFP »

Sport Buzz Business : Vous avez revendu Mont Petit Gazon il y a un an, pouvez-vous nous retracer les derniers mois avant de prendre votre décision ?

Martin Jaglin : Le rachat s’est fait il y a un an, c’était le 12 octobre. Il y a un an et demi, nous étions en pleine levée de fonds après celle réalisée en 2018 avec Martin Solveig, Jean-Étienne Amaury, Sébastien Bazin, … Nous voulions relever des fonds pour un projet Web 3. Au milieu de ce process, on avait alors 2 millions d’euros de sécurisés auprès d’investisseurs sur les 5 millions que nous cherchions, nous avons reçu une proposition de rachat d’une société de paris sportifs. On a alors décidé d’aller voir d’autres sociétés avec qui on travaillait déjà et potentiellement intéressées par un rachat. On a ainsi suivi un double process, le process de levée de fonds et le process de revente de la société avec mes deux associés, Grégory (Rota) et Benjamin (Fouquet).

Au final, nous avons discuté du rachat avec 10 sociétés. Nous avons eu 3 offres fermes et on a choisi la Ligue de Football Professionnel parce que ça nous permettait d’être au cœur du réacteur du foot et de mêler notre passion avec des vrais moyens, parce qu’on n’en a jamais eu trop au sein de MPG…

https://twitter.com/MonPetitGazon/status/1580149077555417090

L’offre de la LFP était dans les 3 offres fermes ?

Oui, ça faisait partie des trois offres fermes, Il y avait un diffuseur télé, il y avait un opérateur de paris sportifs et puis la Ligue de foot. Il y avait du plus et du moins dans chacune des offres, on s’est posé et on a choisi l’aventure avec la LFP qui est une nouvelle étape dans la vie de MPG. On a acté le 12 octobre 2022 avec l’ancienne administration de la Ligue.

SBB : Communiquez-vous le montant de la vente de MPG ? Quel est le chiffre d’affaires de la société au moment de la revente ?

MJ : Je ne peux pas donner le montant du rachat mais en revanche, le montant du chiffre d’affaires était de 2,3 millions d’euros.

SBB : Combien de salariés à l’époque ?

MJ : À l’époque on était 17, aujourd’hui nous sommes 20.

« Il y avait deux objectifs pour LFP MEDIA, faire grandir MPG et mettre la main sur 20 experts en digital pour faire grandir la Ligue sur tous les sujets digitaux. »

SBB : Qu’est-ce que ça a changé pour vous ? C’est quoi le bilan de cette première année ?

MJ : On a toujours bidouillé… On n’a jamais eu les assets officiels de la Ligue 1,… le premier gros changement, c’est que dans nos applications et nos jeux MPG et Mon Petit Prono on a enfin pu mettre le logo de la Ligue 1, les logos des clubs, les photos des joueurs. On a même pu intégrer les vidéos des buts. Dans ton MPG, le lundi matin, tu peut voir le coup franc de Savanier directement dans l’application mobile. Ça, c’est quelque chose de dingue. On a vraiment fait évoluer l’expérience au sein de nos applications mobiles.

Deuxièmement, on bénéficie d’un relais incroyable grâce à la LFP sur les réseaux sociaux qui sont assez puissants…10 millions sur TikTok.

Et puis, troisièmement, on a beaucoup plus de moyens. On a pu faire notre première campagne en télévision grâce à un accord que la Ligue a avec les diffuseurs. Cet été, devant un match de foot sur Canal+, Prime ou beIN, vous aviez des chances de voir une pub Mon Petit Prono assez décalé avant, pendant ou après les matchs. On a passé une étape. On a décuplé les moyens et les assets qu’on peut avoir sur nos plateformes.

L’autre mission sur laquelle on a travaillé avec Grégory et Benjamin, c’est faire grandir la Ligue en digital au sens large. Pas que sur le gaming mais faire des plateformes grand public efficaces. Ce sont des chantiers qui sont en cours, qui sont plus longs parce qu’il faut recréer des plateformes « from scratch », c’est une des missions de l’année.

SBB : En vous rachetant, LFP MEDIA s’appuie donc sur une équipe existante pour développer de nouveaux projets connexes à MPG en recrutant des talents pour aller plus vite. 

MJ : Voilà. Il y avait deux objectifs pour LFP MEDIA, faire grandir MPG et mettre la main sur 20 experts en digital pour faire grandir la Ligue sur tous les sujets digitaux. L’opération a pu se faire avec l’arrivée de CVC dans LFP MEDIA, ils ont mis 1,5 milliard d’euros pour 13% et ils avaient l’envie d’accélérer sur tous les sujets, dont le digital. Nous avons la plus grosse fanbase de football en France, c’était pour eux comme une évidence je pense, c’est arrivé au bon moment.

A ma connaissance, je crois que la Ligue n’avait jamais fait de rachat. Les Ligues et les fédérations ne font pas beaucoup de rachat de startups… C’est deux mondes un peu différents. Je pense que le fait d’avoir CVC au milieu a simplifié pas mal de choses.

« On sais ce que l’on perd mais on ne peux pas tout avoir. Quand t’es un entrepreneur et que tu revends ta boite, tu perds en liberté ».

SBB : Pour revenir à la vente de MPG, Est-ce que le choix a été difficile pour toi et tes associés ? Regrettez-vous votre choix ?

MJ : La société a été revendue à 100 %, tout le monde a revendu y compris les investisseurs historiques. On ne regrette pas, nous sommes contents. C’est toujours difficile au début, on sais ce que l’on perd mais on ne peux pas tout avoir. Quand t’es un entrepreneur et que tu revends ta boite, tu perds en liberté. Désormais pour des congés payés, je vais sur l’interface et je demande des congés payés (rires). Avec Grégory et Benjamin, c’était une étape de la vie de la société. On s’était dit qu’il fallait une nouvelle aventure, un nouveau départ. On savait ce qu’on perdait mais il y a plus d’avantages que d’inconvénients donc on a dit « On y va ».

Benjamin Fouquet et Grégory Rota, les deux autres co-fondateurs de MPG

SBB : Dorénavant, vous pouvez donc utiliser des droits LFP. Etait-ce une attente de votre communauté d’avoir les logos, les photos des joueurs et équipes ? Ca répondait à une attente ?

MJ : Ce n’était pas obligatoire. On a réussi à faire un jeu pendant dix ans qui a marché sans avoir les photos. Comme nous n’avions pas de moyens, on s’est concentré sur la mécanique de jeu pour qu’elle soit la plus excitante et attachante. Donc aujourd’hui c’est plus un bonus ! Ça va décupler l’expérience, mais ce n’est pas le fondement même de la mécanique. On sait quand même que les plus jeunes sont assez sensibles à tout ce qui est images, vidéos… On a lancé un nouveau mode de jeu cette année, qui s’appelle « Meilleur XI », qui est un mode de jeu à l’Anglo-Saxonne, on peut choisir 18 joueurs (11 titulaires et 7 remplaçants max) dans un budget limité et on utilise des photos officielles.

SBB : C’est la grosse nouveauté de la rentrée donc.

MJ : Exactement, c’est 8 mois de travail pour ce mode « Meilleur XI ». C’est ouvert à tout le monde et on se compare à toute la communauté. Chaque week- end, il y a un premier au classement. C’est une grosse nouveauté d’un point de vue produit et d’un point de vue assets puisqu’on utilise les photos des joueurs avec les maillots officiels. On a refait un algorithme dédié pour avoir vraiment des différences entre tous les joueurs au classement général. C’est notre grosse nouveauté produit.

https://twitter.com/MonPetitGazon/status/1684213010624131074

SBB : En rejoignant LFP MEDIA, avez-vous l’ambition de développer d’autres services b2b comme le fait LaLiga Tech en Espagne et pourriez-vous proposer MPG en marque blanche à d’autres ligues ?

MJ : A court terme, non. Pour le moment, on se concentre sur nos plateformes propriétaires de la Ligue de football Professionnel et il y a déjà énormément de travail. Dans un second temps, on ne se refuse rien mais la première étape est de muscler la Ligue sur le digital avec une app qui a plus d’envergure, avec des projets Web 3 et une fois qu’on aura sorti ça, on se reparle dans un an.

SBB : Par le passé, vous avez eu des procédures avec la LFP concernant des droits… Comment analysez-vous les 10 ans que l’on vient de vivre en terme de digital et consommation sportive ? Que conseillez-vous à la ligue en termes d’exploitation de droits, d’images, de choses qu’on peut faire, ne pas faire sur le digital…

MJ : Aujourd’hui, le fan de foot veut être actif. Avant, le supporter était assis calmement dans son canapé pour regarder son match diffusé à la télévision. Aujourd’hui, il veut débattre sur les réseaux sociaux, sur Twitch, Discord… il y a donc en premier lieu, une volonté de débattre. Il y a également une volonté d’être entraîneur virtuel. Le Fantasy Game répond à cette attente. Il y a aussi une volonté de posséder, comme avec Sorare et les cartes digitales… En digital, la grosse évolution, la grosse tendance de ces 10 dernières années, c’est qu’on est passé d’un fan qui était passif à un fan qui devient actif. Et il faut lui offrir toutes ces opportunités d’être actif pour s’impliquer vraiment dans le foot, pour ne pas qu’il se désintéresse de la compétition. Parce que suivre un match pendant une heure et demie, ça ne suffit plus, il faut qu’il soit acteur.

« J’ai une vraie envie de commencer à investir dans d’autres sociétés, notamment dans le sport et la tech. C’est un de mes projets personnels ces prochains mois. »

SBB : Etes-vous toujours sur un business model basé sur la publicité ? Quels sont vos offres publicitaires et autres dispositifs ?

MJ : C’est un modèle pub à 70%. Les 30% restants viennent des options que les utilisateurs achètent dans le jeu. C’est un modèle freemium. Pour la publicité, les annonceurs prennent la parole pour des temps forts comme la rentrée par exemple. On propose du display traditionnel et à côté, on propose des opérations spéciales comme avec Uber Eats. On leur a développé un petit jeu en animation dans lequel on peut tenter de remporter leur expérience de livraison du ballon du match au coup d’envoi. Ils nous ont choisi parce qu’on était la plus grosse communauté de football. On a travaillé avec Coca Cola également sur Mon Petit Prono… Cette année Decathlon a choisi un bonus au sein de MPG qui permet d’avoir quatre attaquants… On propose des opérations spéciales, des challenges, les marques adorent. On a le display pour générer du trafic, du clic et puis des opérations spéciales pour faire du Brand Content, raconter une histoire différente à notre communauté.

SBB : Quelles sont les audiences et nombres d’utilisateurs de Mon Petit Gazon ?

MJ : Pour la première fois, on a atteint les 698 000 joueurs actifs à la fin du mois de septembre en cumulé sur nos deux plateformes, MPG et MPP. Avant, MPP, c’était que pour l’Euro, la Coupe du Monde… maintenant, c’est aussi pour la Ligue 1. Pour nous, ça change complètement, avant il n’y avait que MPG et ses 440 000 actifs à fin septembre. C’est une explosion du nombre d’utilisateurs et pour les annonceurs, c’est aussi l’opportunité d’aller toucher beaucoup plus de monde. Sur MPP, on considère un joueur actif quand une personne a fait au moins un pronostic sur le mois. Sur MPG, c’est un joueur qui a participé à un des 3 modes de jeu.

SBB : Est- ce que tu gardes une âme entrepreneuriale ? Est- ce que tu as investi à titre personnel dans d’autres projets ? 

MJ : J’ai une vraie envie de commencer à investir dans d’autres sociétés, notamment dans le sport et la tech. C’est un de mes projets personnels ces prochains mois.

SBB : Un mot de conclusion ?

MJ : Il faut dire à Luis Enrique d’arrêter de faire du 4-2-4 quand tu es mené 2-0 à la mi-temps (rires).

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