Tour de France 2022 : La caravane publicitaire du Tour, le job d’été de rêve ? Ils témoignent

crédit photo : A.S.O.

Evènement dans l’évènement, la Caravane Publicitaire du Tour de France attire chaque année des milliers de candidats qui souhaitent décrocher « le job d’été de rêve ».

Pour organiser et faire vivre les dispositifs publicitaires, une flopée d’agences spécialisées dans l’évènementiel ainsi qu’A.S.O accompagnent la trentaine de marques et institutions du cortège. Au total, ce sont quelques 450 personnes qui travaillent directement au sein de la caravane, avec notamment les postes de chauffeurs et distributeurs(trices) de goodies.

Sur la Caravane Cochonou, Sven, étudiant en école d’ingénieur à Saint-Etienne âgé de 21 ans, participe pour la première fois cette année à l’évènement en tant que distributeur à bord d’un véhicule. « J’ai postulé il y a 3 ans mais j’étais trop jeune, il me fallait le permis de conduire et quelques années d’expériences de conduite pour soulager, au cas où, les conducteurs après les étapes. J’ai donc repostuler à 21 ans pour cette édition. » nous précise le jeune homme. « Je suis allé sur la page Facebook de Cochonou et on m’a renvoyé vers l’agence Live Meetings qui s’occupe de la Caravane de la marque. J’ai envoyé mon CV et je les ai recontacté, relancé… il y a tellement de candidatures. J’ai été recontacté en avril et après quelques entretiens j’ai été pris. J’ai postulé uniquement pour la Caravane Cochonou car j’adore les 2CV. »

Beaucoup de candidats, peu d’élus

Une chance pour Sven car la concurrence pour décrocher un emploi sur la Caravane Publicitaire du Tour de France est plutôt rude.

« Cette année, nous avons reçu quelques 600 candidatures spontanées. Je fais moi-même le recrutement » nous explique Stéphane Domecq, Directeur de l’agence Live Meetings. « J’accompagne Cochonou depuis 24 ans. Nous intervenons sur tout, sauf le saucisson (rires). Outre le recrutement, on imagine le dispositif (décor, bande-son, goodies,…) on le met en oeuvre et on le gère sur le terrain »

En plus de Cochonou dont la présence ne se limite pas à une présence dans la Caravane Publicitaire, l’agence accompagne également Banane de Guadeloupe et Martinique. « Nous sommes 3 permanents à l’année et 3 stagiaires nous rejoignent pour le Tour » ajoute Stéphane Domecq. « Au total, nous sommes 45 sur les deux équipes. Cette année, nous avons recruté une quinzaine de nouveaux ».

Un renouvellement du personnel plutôt faible qui prouve que travailler sur le Tour de France et dans la Caravane est une opportunité rare. Des métiers qui attirent différents profils« Il y a de tout, des étudiants, des gens qui travaillent et qui prennent 3 semaines de congés… Damien, un des piliers de l’équipe Cochonou depuis une quinzaine d’année, conducteur de la limousine, a changé de poste il y a quelques mois… En début d’année, son responsable ne voulait pas le libérer pour 3 semaines… Au final, il a fait deux semaines et nous nous sommes adaptés pour le compter parmi nous » détaille Stéphane Domecq.

« Ca va de 20 ans à 64 ans, il y a un brassage très intéressant d’énergie, de sagesse, de profil »

Même son de cloche chez Olivier Chirinian, Directeur Général de L’Uzyne, agence qui gère les caravanes de Tourtel Twist et AG2R Citroën« Je pense que ça fait parti des jobs hyper cool, des salariés prennent des vacances pour venir chaque année travailler sur la Caravane. A titre personnel, c’est mon 17ème Tour de France, le second pour L’Uzyne. Chaque année, nous retravaillons avec des personnes qui ont déjà participé à la Caravane. Un commercial s’est organisé pour venir pendant les 3 semaines cet été, en accord avec son employeur, notamment en posant des RTT. Nous avons également des retraités pour le poste de chauffeur poids lourd, ça va de 20 ans à 64 ans, il y a un brassage très intéressant d’énergie, de sagesse, de profil… Nous avons des instituteurs, des étudiants,… c’est une aventure humaine incroyable, le salaire est correct pour 3 semaines et ils sont nourris, logés, blanchis. »

Du côté de la caravane E.Leclerc, la plus imposante avec 11 véhicules, le ressenti est le même. « Nous avons 84 personnes mobilisées au quotidien sur l’ensemble de notre dispositif, dont 27 dans la caravane Marque Repère. Une moitié d’entre eux était déjà avec nous l’an dernier » nous explique Éric Étienne, Responsable des partenariats sportifs au sein de la Commission Communication E.Leclerc. Pour la sélection, nous cherchons des profils passionnés et/ou ayant le goût de l’événement et du spectacle.  Cette année nous avons sur la Caravane des ambulanciers, pompiers ou gendarmes, des expatriés revenant en France pour l’occasion ou encore d’autres qui ont posé un congé sans solde pour se rendre disponible. Ça montre leur attachement au Tour et leur motivation. Nous faisons confiance à l’agence Ideactif pour le recrutement de nos caravaniers et de nos dispositifs d’animation aux départ et arrivée et à l’agence Spoutnik pour nos hospitalités et notre dispositif amont. Ce dernier est composé de 5 véhicules qui partent avant la caravane et distribuent nos fameux t-shirts à pois mais aussi des casquettes, drapeaux, ponchos et pour la première fois des pare-soleil à pois ! »

Pour celles et ceux qui souhaitent postuler un jour pour un job sur la Caravane, voici quelques conseils. « ll faut candidater tôt, vers octobre-novembre. On fait des recrutements jusqu’en mars mais le plus tôt est le mieux. Se faire recommander par quelqu’un de l’intérieur est également un plus » précise Olivier Chirinian. « Pour les postes d’animateurs, on regarde l’originalité du CV. Certains nous envoies des vidéos, ça permet de voir tout de suite le dynamisme de la personne. Les qualités requises sont d’être sociable, enthousiaste, aimer la vie en communauté, être de bonne humeur et avoir des valeurs de solidarité et de cohésion. »

« Vu de loin, ça brille, ça à l’air génial mais c’est un vrai job ! »

Pour Stéphane Domecq, Directeur de Live Meetings, il est difficile de se faire une idée réelle du métier avant de l’avoir vécu. « Vu de loin, ça brille, ça à l’air génial mais c’est un vrai job, il faut vraiment avoir envie de le faire, envie de découvrir la vie du Tour, ses à-côtés, vivre 24h/24 en équipe. Il faut être curieux, enthousiaste, ultra motivé, ce n’est pas juste un job d’été. Et pour Cochonou, il faut pouvoir et savoir conduire une 2CV ».

crédit photo : Léa Ponneau / @throughmylens.lp

Un véritable métier et des responsabilités

Si pour beaucoup, travailler sur la Caravane s’apparente à faire la fête et partager de la bonne humeur tout au long de la journée, il est essentiel de préciser que les journées et soirées sont bien chargées. Une bonne condition physique est donc essentielle, tout comme avoir le sens des responsabilités.

Pour Sven, l’équipier Cochonou, la journée de travail est bien remplie et ne s’arrête pas à la distribution de goodies pendant le défilé qui s’élance en amont de la course. « On remplit la voiture en saucissons et bobs, on nettoie les véhicules, le soir on part en transfert pour l’hôtel, et ça recommence le lendemain, on est généralement mobilisé de 7h30 à 0h, mais chaque jour est différent, ce n’est jamais pareil ! Ca apprend également à sourire, je fais que ça, les gens sur le bord des routes donnent de l’énergie, ils attendent la caravane Cochonou, on ressent l’engouement et l’attente, notamment autour des bobs. Le premier jour, j’étais trop chaud, je me suis fait des bleus de partout, j’ai trop donné, c’était nouveau pour moi ! »

Sven, distributeur pour Cochonou (crédit : Cochonou – Supernatifs)

« C’est fatiguant, il faut donner de l’énergie toute la journée, le soir ce sont des tablées de 40 personnes, il y a donc une bonne ambiance générale » ajoute Olivier Chirinian. « Cette année, une nouvelle m’a dit qu’elle ne comprenait pas pourquoi ils étaient payés pour ce job (rires)« .

Un cadre de travail en itinérance qui au global revêt donc plus de points positifs que négatifs. « Je voyais la Caravane quand j’étais petit, là on est à l’intérieur, on rencontre pleins de gens, de marques… c’est encore mieux que ce que je pensais ! Tous les jours, on a des paysages différents, on voit des milliers de personnes c’est une expérience à vivre, il faut profiter tant qu’on est jeune, l’intensité est élevé, les derniers jours vont passer vite… » exprime Sven avec une légère pointe de regrets.

« C’est intéressant d’accueillir des nouveaux chaque année, ils se sont fait une idée mais à chaque fois, ils sont unanimes, c’est 100 fois mieux ! » ajoute Stéphane Domecq.

« Cette année, une nouvelle m’a dit qu’elle ne comprenait pas pourquoi ils étaient payés pour ce job (rires)« 

Sur les routes du Tour et dans la Caravane, les abandons de poste et les démissions sont donc plutôt rares. « Je n’ai jamais vu quelqu’un arrêter de son plein grès » nous répond Olivier Chirinian. « On a déjà renvoyé des gens pour des problèmes physiques comme des entorses, brûlures… ils étaient contraints et forcés. Pendant toutes ces années, je n’ai eu que 3 problèmes de discipline ».

crédit photo : Léa Ponneau

crédit photo : Léa Ponneau

Recruter des profils responsables est donc fondamental pour les agences. Chaque année, face à la ferveur populaire et l’inconscience de certains spectateurs, c’est un miracle de ne pas voir plus d’incidents graves entre le cortège de la caravane et le public. Sur la route, les conducteurs doivent redoubler d’attention pour éviter le pire, à savoir percuter une personne qui se met sur la route pour ramasser un goodies…

« C’est « BTM » pour Bagage, Train, Maison en cas d’alcoolémie ! »

« Le risque zéro n’existe pas, ASO a renforcé les mesures de sécurité » ajoute Olivier Chirinian. « En terme d’alcool, c’est tolérance zéro, il y a des tests aléatoires pour les chauffeurs, les animateurs… On teste également de notre côté nos chauffeurs. La dissuasion est forte ! C’est « BTM » pour Bagage, Train, Maison en cas d’alcoolémie ! Il y a des formations dispensées pour les premiers secours, un briefing tous les matins avec les chefs caravanes pour aborder les difficultés du parcours… la garde républicaine est là… beaucoup de choses sont faites pour minimiser les risques. »

Sur les étapes de montagne, il n’est pas rare également de voir quelques spectateurs, souvent proches de l’insolation, venir taquiner et embêter les équipiers lorsque les véhicules se retrouvent à l’arrêt… Un contact direct avec le public qu’il est parfois difficile à gérer lorsqu’on vous demande d’avoir le sourire tout au long de la journée.

Un salaire attractif pour une expérience de vie et professionnelle inoubliable

En travaillant sur la Caravane Publicitaire du Tour de France, les équipiers sont plutôt bien payés pour les 3 semaines d’évènement.

Selon les marques et les postes occupés, une personne sur la Caravane gagnera quelques 2 000€ en moyenne (entre 1600 et 2500€ nets) pour les 3 semaines du Tour de France. Chez Cochonou, officiellement, la rémunération est de « 3 500 kilomètres de sourires » glisse Stéphane Domecq.

« Lorsque j’ai postulé, je n’avais pas en tête la question du salaire, je voulais participer peu importe la rémunération ! » ajoute Zven qui ne devrait pas revenir l’année prochaine, à son grand regret. « Je vais effectuer un semestre en Allemagne en 2023 donc pas de Tour de France pour moi l’année prochaine, pour contre pour 2024 avec plaisir si c’est possible ! »

Pendant 3 semaines, les travailleurs de la Caravane doivent cohabiter avec leurs collègues mais également avec ceux des autres marques. Une ambiance festive, notamment lors de la soirée Caravaniers (annulée encore cette année) et le réveil musculaire chaque matin sur le parking caravane, qui favorise évidemment les rencontres amicales et amoureuses. Chaque année, de nombreux couples se forment sur la Caravane, donnant par la suite des « bébés Tour de France ». Ce ne sera pas le cas de Zven. « J’étais en couple avant le Tour. On se fait des amis, j’espère qu’on se reverra ! »


Outre le personnel « saisonnier », la caravane publicitaire fait également vivre les agences qui encadrent les dispositifs et accompagnent les marques tout au long de l’année. « Le Tour est trop souvent résumé à la Caravane mais il y a pleins d’autres choses à mettre place en terme d’activations » ajoute Stéphane Domecq. « Pour Banane de Guadeloupe et Martinique, on a lancé le comptoir de la banane pour mettre en scène le produit, le faire déguster, prendre le temps avec les spectateurs… Nous avons également lancé une action solidaire avec le Secours Populaire autour du kilomètre 97 (NDLR : en référence aux départements et régions d’outre-mer). On peut lier de l’activation très marketing avec des initiatives solidaires.

« Sur certaines étapes, on amène un ou plusieurs véhicules de la Caravane en concession Citröen pour des animations. Pour Tourtel Twist, nous proposons également des animations parallèles, notamment faire pédaler des personnes sur la ligne d’arrivée à bord d’une rosalie. » nous précise Olivier Chirinian. « Je trouve que le Tour de France dans son ensemble est une formidable machine logistique, 4 500 personnes 3 000 véhicules… c’est époustouflant ! Quand on est passionné par l’évènementiel, travailler sur le Tour et la Caravane permet de découvrir les rouages, c’est formateur. Pendant 3 semaines, on donne du plaisir, les gens en retour sont positifs, c’est un job cool, si j’avais 20 ans je postulerais ! »

Témoignage de Jérôme – 11 Tour de France

« Au départ c’est un job d’été étudiant puis j’en ai fait mon métier. Nourri, logé, blanchi et bien payé avec en plus des milliers de personnes par jour qui vous sourient, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il grêle, c’est clairement le job étudiant de rêve par excellence ! »

« On travaille dur mais l’ambiance est tellement incroyable qu’on ne se rend même pas compte que c’est un travail ! Lors de mon premier tour en 2008 j’étais en CDI en tant que vendeur dans un magasin sur la côte Ouest, mon patron ne voulait pas me donner de congé pour allez faire le Tour et comme c’était mon rêve, j’ai démissionné de mon CDI pour 3,5 semaine de contrat et ça a changé ma vie ! »

« Ensuite j’en ai fait 10 ! Au début J’étais chef de projet pour Vittel, XTRA, Ricore, Senseo. Je préparais le Tour pendant an en accompagnant les clients dans leur prise de parole. J’ai été ensuite directeur d’agence de production des caravanes publicitaires FDJ, Senseo, Banette, Skoda, Vittel, Saint-Michel. Mon dernier tour était en 2018. »

crédit photo : A.S.O./Aurélien Vialatte

crédit : A.S.O./Aurélien Vialatte

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