Interview : David Drahy, cofondateur de Com’Over (Vers un rebond du basket français et de la Betclic Elite ?)

David Drahy, co-fondateur de Com’Over

 

La semaine dernière, LDLC ASVEL a remporté la Jeep Elite après l’organisation d’une phase finale à Rouen.

A cette occasion, la Ligue Nationale de Basket (LNB) a officialisé l’arrivée de Betclic comme nouveau Namer en remplacement de Jeep.

Pour en savoir plus sur la stratégie actuelle de la LNB et les perspectives futures, nous avons posé quelques questions à David Drahy, Fondateur de Com’Over, agence de communication dédiée au sport et à l’entertainment qui travaille notamment avec la NBA et la LNB dans le basket.

Sport Buzz Business : Pouvez-vous nous en dire plus sur l’expertise « sports marketing » de l’agence Com’Over liée au basket ?

David Drahy : A titre personnel, le basket est une passion depuis tout jeune, j’ai longtemps joué, à très faible niveau, et c’est mon amour du jeu qui m’a donné envie de faire du sport business puis de la communication dans le sport et l’entertainment entre autres.

Sur le plan professionnel, j’ai commencé chez Octagon (NDLR : une des plus grosses agences mondiales de marketing sportif) sur le compte NBA, un client qui ne m’a pas quitté depuis janvier 2004, une belle aventure loin d’être terminée. La NBA a fait de nous des experts, nous avons leur confiance avec Com’Over depuis 10 ans maintenant et la création de l’agence. La NBA reste la meilleure ligue sportive selon moi. En France, nous faisons ensemble un travail incroyable notamment en média, en influence et en expérientiel.

Au-delà de la NBA, nous travaillons avec de nombreux annonceurs qui sont présents dans le basket d’une manière ou d’une autre : Beats by Dre, New Era, Foot Locker, Upper Deck, Gerflor, 2K, Puma…

Et donc, last but not least, nous accompagnons également depuis 2017 la Ligue Nationale de Basket sur des sujets de relations médias et d’influence en France. Nous avons eu également l’opportunité de travailler récemment avec le Limoges CSP sur l’opération No Racism ou encore avec la JL Bourg sur les Rencontres du Leadership depuis 4 ans.

« Ce que j’aime dans l’arrivée de Betclic, c’est l’adéquation avec le virage pris par la LNB depuis plus d’un an »

SBB : Que pensez-vous de l’arrivée de Betclic qui remplace Jeep au rang de partenaire-titre du Championnat de France de basket ?

DD : C’est une excellente nouvelle pour le basket français, Jeep était un partenaire très engagé et intéressant à avoir, mais ce que j’aime avec l’arrivée de Betclic, c’est l’adéquation avec le virage pris par la LNB depuis plus d’un an et l’arrivée d’une nouvelle stratégie et équipe digitale.

Cela fait quelques années que nous bataillons sur le sujet, l’arrivée d’un acteur comme Betclic, en adéquation avec cette stratégie et une grande partie des cibles que nous cherchons à atteindre (jeunes, lifestyle, entertainment…), va permettre à la LNB de passer un nouveau cap, on ne peut que s’en réjouir.

SBB : La Jeep Elite est passée l’été dernier à une diffusion des matchs à 100% en clair. Selon vous, est-ce une aubaine pour le basket et les fans ou un échec avec une perte de revenus ?

DD : Le paysage de l’achat des droits sportifs est en pleine mutation, j’aime beaucoup l’expression de Charles Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. ». Cela résume bien la situation, la LNB était en fin de contrat avec RMC à l’été 2020, la crise sanitaire a frappé au même moment, une nouvelle direction avait été mise en place pour faire bouger les lignes et la question de la visibilité du basket français était sur toutes les lèvres à ce moment-là.

Il fallait changer, donc oui il y a une perte financière à court terme mais on a aussi vu la LNB opérer sa mue sur le digital, dynamiser ses réseaux sociaux, lancer avec succès ce qui est peut-être aujourd’hui la « meilleure » OTT du sport français (NDLR : La LNB vient d’annoncer les 100 000 téléchargements) et bénéficier d’une visibilité sur L’Equipe qu’elle n’avait pas connue depuis des années.

Il y a eu beaucoup de courage derrière ces décisions, je suis bien placé pour savoir qu’elles n’ont pas été subies mais décidées, et ont fini par convaincre même les plus réticents, attachés au modèle classique.

Mais attention, il y a encore énormément de travail sur ces sujets qu’il faut selon moi continuer et amplifier, mais sur le plan de la visibilité et de la présence auprès des nouvelles cibles, qui peut dire que la LNB n’a pas fait un pas de géant ? Surtout, prenons conscience du fait que cette révolution s’est faite en temps de Covid avec une chute conséquente des revenus.

SBB : Le championnat Jeep Elite s’est terminé dans la souffrance… 

DD : Vous savez, j’ai travaillé pour une vingtaine de Fédérations, Ligues, au niveau français et international. J’ai vu de tout, entre la meilleure, la NBA, et d’autres plus petites avec des disciplines parfois gangrenées dans lesquelles ça peut être un peu plus compliqué…

Oui la saison 2020-2021 a été un calvaire, rien n’a fonctionné comme prévu… Beaucoup d’incertitudes, de désaccords, des clubs qui ne veulent pas jouer pour ne pas sacrifier des revenus à domicile, d’autres qui acceptent de faire les efforts puis le temps qui passe, et une situation qui ne s’améliore pas assez… Est-ce que dans ce cadre-là il y a des bonnes et des mauvaises décisions ? Ce que je constate, c’est que La Ligue et les clubs sont debout, le championnat a pu se terminer avec un Final 4 diffusé en clair sur la Chaine L’Equipe et l’OTT de la LNB, une finale entre les deux meilleures équipes, un vainqueur légitime, un nouveau namer.

« Nous n’avons pas mis en place 1/10e de ce que nous voulions faire en termes d’influence, de digital ou de PR notamment mais on a tenu »

J’en profite d’ailleurs pour saluer le travail de l’agence organisatrice du Final Four qui a fait du super boulot comme toujours (NDLR : il s’agit de Sport Plus Conseil, également organisateur du All Star Game LNB et de la Leaders Cup).

Remarquons que Tony Parker a été critiqué suite à sa prise de parole contre la grève. Le mec est la locomotive de son sport, il donne tout pour le basket français depuis 20 ans, tout le monde est content quand il va au Ministère ou devant le Président de la République réclamer de l’argent pour son sport… Mais quand il donne son avis sur une grève, que je ne juge pas ici, certains le démontent derrière, c’est lunaire. Je reviens sur cet épisode pour souligner comme il est parfois difficile de faire avancer les choses. Les critiques pleuvent, mais moi je remarque le travail réalisé.

Bref, si je prends ma casquette d’agence de communication, nous n’avons pas mis en place 1/10e de ce que nous voulions faire en termes d’influence, de digital ou de PR notamment mais on a tenu, la saison a eu lieu, il y a eu de belles audiences sur L’Equipe, trouvé de nouveaux consultants performants qui portent le renouveau du basket notamment sur Sport en France, l’OTT qui fonctionne avec plus de 100 000 personnes qui ont l’appli, un nouveau Namer parfaitement en adéquation avec la stratégie qui va activer et nous tirer vers le haut… tout n’est pas à jeter.

SBB : Qu’est-ce qui ne va pas dans le basket professionnel français ? Qu’est-ce que vous changeriez ?

DD : Ca n’engage que moi. Nombreux sont ceux qui parlent du changement nécessaire, mais peu l’accompagnent. La résistance au changement est forte dans ce sport, dans ce milieu plutôt fermé, qui mériterait d’être un peu plus accueillant. Ceux qui poussent pour un vrai changement ne se font pas beaucoup d’amis…

Alors on oublie un truc parfois aussi, les 25 meilleurs joueurs français, plus ou moins, ne jouent pas en France, il y a la NBA, l’Euroleague, des championnats avec des financements / impositions qui n’ont rien à voir avec le nôtre (Turquie, Russie, Espagne…). On parle du rugby ou du hand avec les meilleurs championnats mondiaux en France avec les stars mondiales ! C’est donc incomparable.

La LNB est venu nous chercher il y a 4 ans parce qu’on avait à l’époque déjà plus de 13 ans d’expérience avec la NBA avec un résultat plutôt intéressant sur le marché français, devenu une best practice à l’international. Finalement, on a mis beaucoup de temps à faire bouger les lignes, on a accéléré récemment avec la nouvelle direction qui a approuvé notre reco initiale et avec qui on a commencé à la mettre en œuvre, malgré le Covid.

« La Ligue doit continuer à s’affranchir des vieilles habitudes, des dépendances diverses, et continuer son train de réformes »

La Ligue doit continuer à s’affranchir des vieilles habitudes, des dépendances diverses, et continuer son train de réformes : réforme sportive (réduction du nombre de clubs, évènements, arenas, métropoles…), accentuer l’effort remarquable fait sur le digital et le storytelling, poursuivre la diffusion en clair, attirer de nouvelles cibles, définir une nouvelle stratégie de sponsoring capable d’attirer des marques affinitaires…

D’un point de vue diffusion, il ne faut surtout pas retourner sur du 100% payant pour le moment, il faut laisser l’OTT gratuite et pourquoi pas trouver un bon mixte entre l’OTT LNB, un diffuseur gratuit en clair et peut-être un match sur du payant pour générer un peu de revenus ? Je suis convaincu que le travail lancé pour élargir la base de fans, notamment sur le digital, et rendre visible le sport va payer à moyen terme ; que ce soit en monétisant par la suite la diffusion de ses matchs, par des sponsors plus nombreux et engagés ou en créant des business complémentaires autour des fans et du digital (NFT, tokenisation, monétisation de la data…).

Nous devons continuer d’accélérer sur le digital pour faire du contenu et de l’influence, la base de la stratégie de communication de la Ligue Nationale de Basket tournée vers les fans. On doit parler basket, oui évidemment, mais on doit aussi et surtout parler lifestyle, entertainment, musique, tech, merchandising… Sur ce point, nous sommes en parfaite adéquation avec les équipes de la LNB.

Les choses changent, la Ligue a été chercher un nouveau DG il y a 18 mois, Michel Mimran, qui a passé une dizaine d’années au marketing du PSG, je pense que les lecteurs de Sport Buzz Business ont vu l’évolution du marketing du PSG entre 2010 et 2020…

Le Covid a figé beaucoup de choses, la compétition comme les investissements, les tuiles se sont abattues mais j’ai confiance, la stratégie est la bonne.

SBB : On reste optimiste donc ?

DD : Si on laisse à des gens compétents la possibilité de faire, les résultats seront là et ce sont les résultats qu’il faudra juger. Le basket français mérite ce changement, a besoin de ce changement, plus que des critiques, des règlements de compte ou des auto-satisfactions que l’on peut parfois lire dans la presse. Le potentiel est là, on part de loin mais il y a des assets sur lesquels s’appuyer qui font que c’est jouable.

Ma conclusion c’est Trust The Process …En tout cas Com’Over est là, on n’a pas de pétrole mais on a des idées, des contacts, on va continuer de les pousser et espérer que ça fasse avancer le basket professionnel français.

 

 

 

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