Interview : Thibault Le Rol, journaliste Prime Video (Roland-Garros, Ligue 1, Federer, padel, métier)

crédit : Anthony Ghnassia

 

Diffuseur officiel de Roland-Garros pour la 4ème année consécutive, Prime Video a semble-t-il trouvé son « rythme de croisière » avec une approche éditoriale pointue et experte qui comble les passionnés de tennis.

Sur le cycle 2024-2027, Prime Video diffuse désormais 11 sessions de soirée (une de plus qu’auparavant) en exclusivité mais ne propose plus les matchs du court Simonne Mathieu.

En chef d’orchestre du dispositif Prime Video et des « soirées de gala », on retrouve le journaliste Thibault Le Rol, un fin connaisseur du tennis et du football qui a présenté également la Ligue 1 sur la plateforme d’Amazon ces dernières saisons.

Pour en savoir plus sur son métier de journaliste, les nouveautés de ce Roland-Garros et sa passion pour le padel, nous lui avons posé quelques questions. L’occasion d’en savoir un peu plus également sur le futur documentaire de Roger Federer qui sort le 20 juin sur Prime Video !

 

Sport Buzz Business : 4ème édition déjà pour Roland-Garros sur Prime Video et vous aux manettes.

Thibault Le Rol : Avec Prime Vidéo oui. Je m’amusais à compter hier, c’est le treizième pour moi.

SBB : Prime Video a fait peu de changements cette année au niveau des commentateurs et consultants, on ne change pas une équipe qui gagne ?

TLR : On se recentre à fond sur la night session, puisque cette année, c’est le seul match que l’on diffuse. On a un peu resserré les effectifs de manière assez logique et on s’appuie sur cette excellente base de consultants que l’on avait ces dernières années avec le trio Tsonga, Santoro, Bartoli. Fabrice et Marion font ce métier depuis plus de 10 ans. Jo-Wilfried Tsonga qui s’est lancé dans cette aventure l’année dernière s’en est très bien sorti je trouve. Il est de retour cette année pour continuer à grandir dans ce costume de consultant, ça lui a plu l’année dernière, il a vraiment fait une bonne première année. Pour un jeune consultant, il a eu une parole libre très rapidement, c’était vraiment agréable. En plus de cela, il y a quelque chose qui visuellement se passe quand il parle, il a une certaine aura. C’est une chouette trouvaille.

« Cette nouvelle caméra sur l’arbitre, c’est la petite surprise du chef. Allons en ce sens. Tentons des choses. »

SBB : Le match débute à 20h30 avec une prise d’antenne dès 19h30 c’est ça ?

TLR : L’affiche débute à 20h30 effectivement et on essaie de faire monter la température une heure avant. Cette année, on change un peu, nous sommes dans les allées, au cœur de Roland-Garros. On essaie d’appliquer la promesse qu’on avait sur le foot depuis trois ans, c’est-à-dire d’emmener les téléspectateurs au stade. Cette année, on les amène aussi dans les allées de Roland avant de les amener sur le court à 20h30.

SBB : Comment définissez-vous votre rôle ? Animateur plateau qui fait briller ses acolytes avec de belles passes décisives ?

TLR : Complètement. Tout à fait d’accord, c’est exactement ça mon rôle. Ce n’est pas que ça parce que je m’implique aussi beaucoup dans la création des émissions, mais c’est ça.

C’est parce que je m’implique toute la journée, que ce soit dans le foot ou dans le tennis, qu’ensuite, je peux être libre, cool à l’antenne. Je sais que mon socle est solide. Et ensuite, mon rôle, effectivement, c’est celui-ci. Je me souviens que Michel Denisot disait tout le temps ça aussi. Et c’est surtout pas à nous de briller mais c’est à nous de faire briller les autres. L’objectif, c’est de servir l’émission, l’antenne.

SBB : Comment préparez-vous justement l’antenne ? Il y a une journée de travail type ?

TLR : Non, mais il y a quand même une méthodologie, assez personnelle, que j’applique dans le tennis comme je l’applique dans le foot aussi. C’est de travailler avec les équipes éditoriales d’abord, les autres journalistes, de réfléchir à ce dont on veut parler, ce dont il faut parler. Ça, c’est une première étape. Ensuite, c’est de faire le lien avec les consultants, savoir ce qu’ils pensent des thèmes, faire un nouveau tri avec eux. Et ensuite, la troisième étape qui est hyper importante pour moi, celle de la prévisualisation un peu de ce qui va se passer à l’antenne, que ce soit au foot ou au tennis, et puis commencer à se dire « là, je vais faire parler lui ou elle ». Prévisualiser, c’est essentiel.

SBB : Depuis dimanche, il y a un nouveau rituel sur Prime Video avec une interview en studio juste après le match, et le vainqueur vous apporte un cadeau c’est ça ?

TLR : On a rajouté ce magnifique studio installé tout proche de la sortie des joueurs sur le Philippe Chatrier. On a voulu rajouter ça parce que de tradition, le joueur répond à l’interview sur le court à un ancien joueur, très souvent un bon moment, avec des questions basées sur l’émotion. On s’est fait la réflexion que ça manquait un peu de tennis dans ces interviews, on a rajouté ce studio dans lequel un de nos consultants attend le vainqueur. Il y a un écran et on peut revenir sur certains points avec les autres consultants sur la terrasse.

Et à la fin, effectivement, nouvelle « tradition », on demande au vainqueur un souvenir, un cadeau. Lundi soir, Gaël avait préparé son petit anti-vibrateur.

SBB : Nouveau cycle pour Prime Video de 4 ans, jusqu’en 2027, avec Roland-Garros. Comment vous inscrivez-vous dans ce calendrier ?

TLR : Je prends un plaisir fou à faire Roland-Garros. C’est quand même extraordinaire. Il faut vraiment être conscient de ça, du privilège d’être sur cette terrasse du court Philippe Chatrier. Il se passe un truc avec Roland Garros quand même… c’est vraiment un événement qui est dans le patrimoine… Je prends chaque année autant de plaisir. On verra si ça se poursuit dans les années à venir. Je ne peux pas le dire, ça dépendra d’une année à l’autre. En tout cas, là, c’est la quatrième année et c’est vraiment un pur kiff.

SBB : Cette année, Roland-Garros a installé une caméra sur la tête des arbitres lors de certains matchs, avec des plans qui sont diffusés en direct. Que pensez-vous de ce genre d’innovation au service de la diffusion ? Etes-vous friand de ce genre de choses ?

TLR : Je ne peux que saluer toute tentative d’innovation, d’immersion, d’inclusion du téléspectateur. Franchement, c’est mon cheval de bataille aussi dans le foot. Je crois que c’est un tournant hyper important dans la consommation du sport aujourd’hui. Il faut absolument inclure le téléspectateur, lui donner plus d’accès, ouvrir encore un peu plus les portes, avec toujours la limite du secret sportif, du respect de l’intimité aussi du sportif, bien sûr. Mais il faut quand même qu’on aille encore plus là-dedans, dans l’immersion, dans l’innovation.

Pour être honnête, on le découvre. Cette nouvelle caméra sur l’arbitre, c’est la petite surprise du chef. Allons en ce sens. Tentons des choses. Franchement, on ne peut pas critiquer ça, vraiment. On aimerait peut-être que l’image dure un peu plus longtemps quand, par exemple, l’arbitre descend de sa chaise pour aller voir une trace. Il faut certainement que les arbitres s’habituent à la caméra, regardent la marque un peu plus longtemps qu’ils ne le font naturellement. Quand ils descendent de la chaise, ils vont voir la marque, ils la montrent du doigt, ils repartent très vite, ça dure une ou deux secondes. S’ils prenaient l’habitude de rester trois ou quatre secondes sur la marque, ça nous permettrait, nous, de la voir également, parce que là, on la voit à peine. Il y a des petits réglages à faire certainement, mais franchement, c’est dans le sens de l’histoire, comme l’année prochaine, on entendra les arbitres de football annoncer leurs décisions VAR à tout le stade et aux téléspectateurs.

SBB : Pendant l’avant-match, vous demandez aux consultants leurs pronostics, vous quel est votre prono pour le vainqueur de Roland cette année ?

TLR : Moi, je dis Zverev. Allez. Ouais, je dis Zverev. C’est une sacrée opportunité pour lui, il joue le plomb. Il joue très, très bien, vraiment. C’est vraiment le plus impressionnant pour l’instant.

SBB : En tant que passionné de tennis, êtes-vous sensible aux tenues portées par les joueurs et joueuses, les équipements utilisés ? 

TLR : Oui, très sensible, bien sûr, je trouve ça hyper important. Encore plus sur ce côté night session, côté show, je crois que ça participe aussi à ça. Si on voit un joueur ou une joueuse avec une tenue abominable, c’est un peu dommage. J’ai trouvé la tenue de Gaël très classe lundi. Je la trouve très sobre, très élégante. En plus, évidemment, c’est un athlète hors norme donc il valorise le produit. Il porte bien, comme on dit.

SBB : Quelle est la tenue d’un joueur qui vous a le plus marquée ?

TLR : Roger Federer, US Open, full black ! Je n’ai plus l’année en tête exactement, mais une tenue exceptionnelle ! Je m’habille très souvent en full black quand je joue au padel ou quand je joue au tennis tellement cette tenue m’a marqué (rires).

Roger Federer et sa tenue Nike à l’US Open 2007

SBB : En parlant de Federer, regardez-vous beaucoup de tennis depuis qu’il a raccroché les raquettes ?

TLR : J’en consomme beaucoup moins qu’avant puisque j’ai été en intraveineuse pendant toutes mes années à beIN SPORTS où je présentais et commentais du tennis. Ma carrière a fait que je suis maintenant en intraveineuse football et c’est compliqué d’être sur deux sports en intraveineuse… je regarde beaucoup moins le tennis pour cette raison-là d’abord.

Et la deuxième raison, du cœur, c’est que Roger Federer, mon idole sportive ad vitam, n’est plus sur les courts.

SBB : Vous parliez de la tenue noire de Federer, avez-vous collectionné les célèbres casquettes RF, le produit dérivé phare du suisse ?

TLR : J’en ai eu quelques unes à l’époque, il m’est arrivé de jouer avec oui mais sinon je ne suis pas très casquette. je préfèrerais avoir sa collection de montres (rires).

Le documentaire sur Federer : « J’ai pu voir quelques extraits… les amis, préparez vos mouchoirs ! »

SBB : Dans quelques jours, Prime Video va diffuser le très attendu documentaire dédié aux 12 derniers jours de la carrière de Roger Federer. L’avez-vous vu ?

TLR : J’ai eu un accès privilégié, effectivement. Pas de l’entièreté du documentaire hélas mais j’ai pu voir quelques extraits ici et là… un peu plus que la bande-annonce. Les amis, préparez vos mouchoirs ! Préparez vraiment le paquet de mouchoirs. Ça va être chaud, vraiment. Pour les fans de Federer, ça va être très émouvant. Et pour les fans de tennis ce sera aussi un petit pincement au cœur. Il a vraiment joué le jeu dans les douze derniers jours de sa carrière, l’annonce de sa retraite, la Laver Cup, c’est vraiment chouette. C’est vraiment un parti pris, c’est un angle, un point de vue, les douze derniers jours de Federer en tant que tennisman. Ça fonctionne, ça marche bien, comme si on était dans la pièce.

https://www.youtube.com/watch?v=ldFVTvO2A-0&ab_channel=PrimeVideoSportFrance

 

SBB : Un mot sur le football et la saison de Ligue 1 Uber Eats 2023-2024 qui s’achève, quel bilan faites-vous d’un point de vue global de la couverture sur Prime Video ?

TLR : Avec le plus d’objectivité possible, je crois que les retours sont globalement bons, voire très bons. En interne, dans le milieu du foot, je sais qu’ils sont très bons. On a noué de bonnes relations avec les clubs, avec les acteurs du foot français. On arrive au bout de ce cycle de trois ans, il était préétabli. On l’a croqué à pleine dent. Je crois qu’on a fait plutôt du bon travail. J’en suis fier. J’ai passé trois années extraordinaires et maintenant, advienne que pourra, ce n’est pas dans nos mains.

SBB : Combien de fois par jour on vous parle des droits TV de la Ligue 1 en ce moment ?

TLR : Une dizaine de fois par jour je pense (rires).

SBB : Federer au tennis, et au football, vous êtes supporter de quel club ?

TLR : Le football et le tennis sont mes deux sports de jeunesse. J’ai d’abord commencé par le foot et ensuite, j’ai longtemps joué au tennis. J’ai été 15/1, je n’aurais donc jamais été seconde série…c’était un petit drame personnel, je m’en remettrai (rires)

SBB : Ce n’est jamais trop tard !

TLR : Ce n’est jamais trop tard mais maintenant que j’ai dérivé vers le padel… Au moment où je vous parle ça me paraît impossible de faire machine arrière, mais sait-on jamais.

Pour le foot, j’ai un petit penchant pour le FC Nantes, je l’assume, il n’y a aucun problème puisque je trouve que ce débat est éculé. Je viens de la région de Nantes, j’ai grandi sous les années extraordinaires, le titre de 95, etc. J’ai un cœur encore un peu nantais. Souvent, on nous dit que ce n’est pas bien de dire quelle équipe on supporte mais non, au contraire. Nantes, je connais ce club par cœur, donc j’ai encore plus d’objectivité, je maîtrise encore mieux mon sujet, je suis encore plus capable d’avoir du recul là-dessus.

Sur le padel : « Créer des histoires autour de ce sport, autour des protagonistes et continuer à améliorer le produit télé. C’est pour moi les deux challenges »

SBB : Je ne voulais pas vous lancer trop tôt sur le padel mais que pouvez-vous me dire sur ce sport ? Toujours addict ?

TLR : Absolument, toujours aussi addict. Hélas, je ne fais plus du tout de tournois depuis six mois, ce qui me vaut une chute au classement, c’est terrible (rires). C’est un sport qui grandit, il y a de plus en plus de joueurs et de plus en plus de joueurs qui jouent bien, voire très bien. Donc, si vous lâchez un peu les tournois, vous sombrez. J’étais 700ème français et là, je dois être 1 200, 1300, voire plus.

SBB : Où jouez-vous le plus souvent ?

TLR : Le club est vraiment génial, c’est peut-être les plus belles infrastructures d’Île-de-France. C’est Padel Horizon à Sucy-en- Brie à côté de Créteil. Les gens sont absolument géniaux, c’est un super club. Et j’y joue avec un bon gros groupe, un bon gros noyau de très bons joueurs, des gens du top 1000. À partir du top 500, c’est le niveau au-dessus pour moi mais entre top 500 et top 1000, c’est mon niveau. Donc je m’éclate. Il y a beaucoup de bons joueurs là-bas. Donc j’ai l’embarras du choix, la merveille des groupes WhatsApp, tu mets une annonce en 47 secondes, tu peux faire deux parties…

SBB : Consommez-vous du padel en tant que téléspectateur ? Pensez-vous que ce sport peut prendre également en terme de diffusion et devenir un sport-spectacle télégénique qui fera de l’audience ?

TLR : C’est une bonne question parce que c’est c’est le challenge pour ce sport. Je le consomme un peu à la télé et beaucoup en highlights. Le rendu télévisuel doit continuer à s’améliorer. Ils le savent d’ailleurs. Il s’est amélioré déjà au fil des mois, bien sûr, il y a eu plein de petits progrès, mais il y a encore un vrai challenge sur la position des caméras, sur le rendu télé… ils trouveront les solutions. Je dis n’importe quoi mais est-ce qu’il ne faut pas repeindre les grilles pour les rendre un peu « translucides », est-ce qu’il n’y a pas des positions de caméras différentes à trouver…

Pour moi, ça, ce n’est que le deuxième challenge. Le premier challenge pour que ce sport continue à exploser, c’est que des stars émergent, qu’on puisse commencer à s’identifier. Nous, en France, c’est un peu dur parce qu’on aura encore une génération de retard. Dans 10 ou 15 ans, on commencera à avoir des français qui iront titiller les meilleurs joueurs au monde, je pense. Et là, on commencera, nous, à pouvoir s’identifier un peu plus. Créer des histoires autour de ce sport, autour des protagonistes et continuer à améliorer le produit télé. C’est pour moi les deux challenges.

SBB : La terrasse de France Télévisions, elle vous fait rêver où celle de Prime Video est mieux ?

TLR : Les deux sont extraordinaires. Adrien Aigoin de RMC, qui est un pote, me disait il y a quelques années que je serai un jour sur la terrasse de Roland… il ne pensait évidemment pas à celle de Prime car elle n’existait pas encore mais j’y suis et c’est le bonheur.

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